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PAGÈS JEAN (1903-1976)

La carrière cosmopolite de Jean Pagès, illustrateur et artiste décorateur, lui a permis d'exprimer ses talents dans des domaines variés. Célèbre par les illustrations qu'il a données pour le magazine Vogue, il est également l'auteur très apprécié d'architectures d'intérieurs aux États-Unis.

Après une enfance écoulée à Versailles et des études d'architecture, Jean Pagès fait ses débuts comme illustrateur pour les magazines de mode publiés par les éditions Condé Nast, le Jardin des modes (1925) par exemple. Ses dessins consciencieux sont alors très descriptifs, très soignés, mais manquent encore d'élan. Son style net et appliqué lui vaudra de nombreuses commandes d'illustrations publicitaires, par exemple pour les automobiles La Salle ou la Compagnie générale transatlantique... À cette période de sa vie, c'est l'illustration de mode qui domine ses activités : il dessine pour le Vogue français, puis pour le Vogue américain, à la suite d'un contrat qui l'invite à s'établir à New York. Ses couvertures pour Vogue, d'un graphisme net, ses illustrations précises et objectives répondent au souci du directeur de la publication, Condé Nast, qui demande à ses illustrateurs de dessiner les robes lisiblement, pour ne pas déconcerter les lectrices.

Malgré ces règles contraignantes, Jean Pagès parvient à exprimer dans ses compositions une sensibilité délicate et à créer une atmosphère : un document caractéristique est la scène de marché aux fleurs destinée à une double page en couleurs de Vogue (1931), où l'artiste déploie des groupes de femmes en tenues de ville, tailleurs et manteaux, dans des teintes de camaïeu qui contrastent avec l'arrière-plan multicolore des étalages fleuris.

Le style de Pagès connaît ensuite une évolution qui témoigne de sa maturité : le trait s'épure progressivement, la description des modèles, sans perdre de sa précision, s'allège et devient sélective, et le dessin acquiert une ampleur, une élégance très maîtrisée. Parmi les illustrations de Jean Pagès pour Vogue on retiendra par exemple les robes du soir romantiques, esquissées au pinceau sur des fonds gris, dans un parti pris elliptique où seules les grandes lignes sont tracées, d'une main assurée et dans un style nerveux. Sa dernière composition (1939) est une couverture de Vogue devenue célèbre : une femme en chapeau à plume, avec deux militaires à l'arrière-plan. Jean Pagès cesse volontairement sa collaboration à Vogue la même année pour combattre dans les rangs de l'armée française. Il deviendra officier de liaison entre l'armée américaine et l'armée française à Alger, sans renoncer totalement à ses activités artistiques (peintures décoratives pour le club de la Croix-Rouge, le club Interallié, l'Hôpital français). Il participe aux campagnes militaires de 1944, mais retourne aux États-Unis après la Libération.

Désormais c'est à sa vocation d'architecte qu'il se consacre essentiellement. Pour une clientèle privée extrêmement huppée il compose des salons, des décorations murales très sophistiquées. Son talent s'exerce également dans l'aménagement de lieux publics, hôtels et restaurants de New York, ainsi La Maisonnette à l'hôtel Plaza, ou le restaurant La Caravelle. En 1969, il réalise encore huit peintures décoratives pour les bureaux de la société Revlon à New York.

Dans ses dernières années, Jean Pagès collabore avec son frère Pierre, qui s'est consacré à la peinture de paysages et dont les aquarelles et gravures illustrant des vues de Paris sont appréciées ; ils s'associent alors pour la création de décorations diverses : décoration du restaurant Le Clos Longchamp à l'hôtel Méridien (Paris), ou pour l'hôtel Intercontinental de Düsseldorf (1973).[...]

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

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