PAINLEVÉ JEAN (1902-1989)
Après une classe de math sup à Louis-le-Grand, Jean Painlevé, fils du mathématicien et homme d'État Paul Painlevé, s'oriente vers la médecine. Mais un passage à la faculté des sciences, où il obtient une licence, décide de sa vocation, grâce à un professeur de sciences naturelles, le professeur Wintrebert, qu'il considérera en toutes circonstances comme son maître sur le plan scientifique.
Avant d'opter définitivement pour le cinéma scientifique, Jean Painlevé fait des incursions dans le cinéma de fiction et dans le théâtre.
Il présente une première communication à l'Académie des sciences en 1923, sous la forme d'un court-métrage sur le développement de l'œuf d'épinoche. Pour beaucoup d'académiciens de cette époque, le cinéma n'est pas sérieux, et ce film rencontre la désapprobation d'une partie de l'assemblée. Cette attitude négative de l'Académie a peut-être été un facteur déterminant dans l'orientation suivie par Jean Painlevé : à partir de films de recherche, réaliser des films de vulgarisation. Toujours est-il que Jean Painlevé se révélera l'héritier direct des grands précurseurs, Marey et Bull, qui avaient compris que le cinéma permettait de multiplier les capacités de l'œil humain (grâce aux images animées en macroscopie et en microscopie, en lumières infrarouge et ultraviolette, en rayons X, au contraste de phase, à la strioscopie, à l'endoscopie, etc.) et de modifier notre perception des phénomènes dans le temps (ralenti et accéléré) ; Jean Painlevé a comparé le cinéma au ralenti à un « véritable microscope du temps » qui permet de se rendre compte du développement de phénomènes en apparence instantanés.
Pour ces précurseurs, le cinéma pouvait servir la science — et les sciences —, et Jean Painlevé, soit par les films qu'il a réalisés lui-même, soit par l'aide qu'il a apportée à des chercheurs de toutes disciplines (chimie, physique, géologie, mathématiques, biologie, chirurgie, etc.), n'a cessé de le démontrer au cours de sa longue carrière. Mais, alors que la plupart des savants se cantonnaient dans le film de recherche, Jean Painlevé ne perdit jamais de vue un objectif fondamental pour lui : la diffusion de ses films dans le public. En 1930, il fonde l'Institut de cinématographie scientifique (I.C.S.), avec l'appui de personnalités scientifiques de haut renom : Jean Perrin, Paul Langevin, Frédéric Joliot et Irène Joliot-Curie, Arsène d'Arsonval, Georges Urbain.
L'I.C.S. va organiser la diffusion de films scientifiques français et étrangers dans des festivals et des congrès, et assurer des projections au Conservatoire national des arts et métiers, au palais de la Découverte, au siège de l'association, en province et à l'étranger. Jean Painlevé ne se limite pas aux seuls films scientifiques. Il s'intéresse aux sculpteurs (Mobiles de Calder, Le Monde étrange d'Axel Ericksen), au folklore (Les Danses de Calendal et Les Fêtes de Roscoff, deux films qu'il qualifie d'« actualités »), aux marionnettes animées image par image (Barbe-Bleue, d'après le conte de Perrault, avec le sculpteur René Bertrand, 1938).
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il réalise un film de propagande, Solutions françaises, avec la participation de personnalités telles que Paul Valéry, Louis de Broglie, Louis Lumière, Paul Langevin... Pendant l'Occupation, il cesse toute activité cinématographique.
À la Libération, il devient directeur général de la Cinématographie française, poste qu'il abandonne en mai 1945 pour retourner à la réalisation de films avec le cameraman de son premier film, André Raymond. En 1947, il tourne La Vie scientifique de Louis Pasteur, en collaboration avec Georges Rouquier. Cette même année se tient à Paris le premier[...]
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Écrit par
- Paul de ROUBAIX : ingénieur diplômé de l'École nationale Louis-Lumière, président de l'Institut de cinématographie scientifique, vice-président de la Chambre syndicale des producteurs français de films de court-métrage, producteur-réalisateur
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