BELMONDO JEAN-PAUL (1933-2021)
Dans les premières années de sa carrière cinématographique, Jean-Paul Belmondo est porté par la nouvelle vague plus qu'il ne lui apporte. Il va pourtant représenter un nouveau type d'acteur, au physique de « dur », dont la beauté ne doit plus rien à la tradition du « beau ténébreux » des années 1930, tels Pierre Richard-Willm ou Jean-Pierre Aumont, ni à celle du jeune premier des années 1940 et 1950, qu'incarnaient Georges Marchal, Jean Marais et surtout Gérard Philipe.
Jouer comme on boxe
Né à Neuilly-sur-Seine le 9 avril 1933, Jean-Paul Belmondo est issu d'une famille d'artistes : son père, Paul, était un célèbre sculpteur, sa mère artiste peintre, sa grand-mère, Rosine Serrito, danseuse étoile en Italie. Durant sa scolarité chaotique, il prise plus le football et surtout la boxe que les études, qu'il abandonne à seize ans. L'année suivante, il débute dans des petites tournées. Recalé plusieurs fois, il entre au Conservatoire en 1952. Il aura pour camarades, entre autres, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Claude Rich, Françoise Fabian. Il débute au cinéma dans des seconds rôles : À pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez, 1957), Sois belle et tais-toi ! (Marc Allégret, 1958, avec Alain Delon), Les Tricheurs (Marcel Carné, 1958)... Et tandis que sa carrière théâtrale prend forme, Claude Sautet lui confie un rôle important au côté de Lino Ventura dans un film policier, Classe tous risques (1960). Il y interprète un rôle de voyou sympathique à l'esprit non dénué de noblesse, propre aux personnages des romans de José Giovanni. Cette prestation sobre et remarquable est éclipsée, la même année, par le film événement de la nouvelle vague, À bout de souffle. Belmondo interprétait déjà un pique-assiette cynique bousculant les conventions bourgeoises dans À double tour (Claude Chabrol, 1959) ; dans À bout de souffle, Jean-Luc Godard pousse à l'extrême de la provocation, de la désinvolture physique et morale le personnage de Michel Poiccard, pourtant à la fois sincère et cabotin, qu’il lui confie. C'est une nouvelle « morale » que proposent film et personnage, où toute une jeunesse va se reconnaître, comme une autre s'était reconnue dans le Gabin du Quai des brumes. Mais la révolution est aussi esthétique. Les cinéastes de la nouvelle vague admirent le cinéma américain, dans lequel ils voient le rejet du psychologisme de la tradition française littéraire et théâtrale au profit d'une « psychologie du comportement ». Pour Godard, À bout de souffle est « un documentaire sur Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo ». Le corps et ses déplacements dans l'espace deviennent plus importants que ce qu'ils révèlent, la parole se fait matière sonore, parfois balbutiement incohérent, à la limite de l'audible, avant d'être dialogue. « J'aimerais jouer comme on boxe, avec une intensité très forte, en soignant les coups chocs », dira plus tard l'acteur.
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma - Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
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BECKER JEAN (1933- )
- Écrit par René PRÉDAL
- 650 mots
Jean Becker est, dans les années 1950, l'assistant de Julien Duvivier, Henri Verneuil ainsi que de son père Jacques Becker. Il dirige même des plans de l'œuvre ultime de ce dernier, Le Trou (1960) dont il supervise le montage, le film n'étant sorti qu'après la mort de son auteur. Comme...