LE CHANOIS JEAN-PAUL (1909-1985)
Jean-Paul Le Chanois aura jalonné le cinéma français de l'après-guerre d'œuvres courageuses et volontiers édifiantes, en tout cas utiles dans leur didactisme et agréables dans leur facture. Se détache cependant Au cœur de l'orage (1944), qu'il réalise après la Seconde Guerre mondiale et qui est un documentaire réalisé à la gloire de la Résistance dans le Vercors. Le cinéaste allait conserver le pseudonyme qu'il avait pris dans la clandestinité : Le Chanois (son vrai nom était Dreyfus). Il en garda également l'esprit militant. Il faut rappeler que Le Chanois avait appartenu au groupe Octobre qui rassembla, avant la guerre, quelques artistes et intellectuels de gauche liés au Front populaire.
Sa formation est tout à fait classique. Né en 1909, après des études de droit et de philosophie, il travaille comme journaliste en collaborant, au début des années 1930, à La Revue du cinéma (ancêtre mémorable des Cahiers du cinéma). Il est également acteur, et s'initie au montage avant de devenir assistant-metteur en scène de Julien Duvivier, Maurice Tourneur, Jean Renoir et Max Ophüls entre autres. L'avant-guerre le voit également inaugurer sa carrière de réalisateur (Le Temps des cerises, 1936).
Après la guerre, Le Chanois s'attaque immédiatement aux « grands problèmes ». Avec L'École buissonnière (1949), il prône les méthodes d'enseignement actives de Célestin Freinet ; avec Le Cas du docteur Laurent (1957), il célèbre l'accouchement sans douleur. Sans laisser d'adresse (1951) est un joli mélo social. Toujours modestes dans leur ambition, ces films furent extrêmement populaires. Par la suite, Jean-Paul Le Chanois allait abandonner les thèses trop directes au profit de récits plus gentiment populistes comme Papa, maman, la bonne et moi (1954) qui trouve son origine dans une chanson à succès de Robert Lamoureux. Son bâton de maréchal, Les Misérables (1958) de Victor Hugo, avec Jean Gabin dans le rôle de Jean Valjean, n'est pas sans intérêt mais demeure dépourvu de génie.
S'il n'a été ni un créateur ni un visionnaire, Jean-Paul Le Chanois n'en a pas moins fait partie de ces personnages clés de l'industrie du cinéma, continuateurs d'un tradition populaire fondée sur le plaisir immédiat du spectacle.
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Écrit par
- Gilbert SALACHAS : journaliste, éditeur, organisateur d'expositions sur le cinéma
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