PECQUET JEAN (1622-1674)
Jean Pecquet est un médecin et anatomiste français du xviie siècle dont le nom est associé à la compréhension de la physiologie du système lymphatique.
Après des études chez les oratoriens à Dieppe, ville où il naît le 9 mai 1622, puis chez les jésuites à Rouen, Jean Pecquet devient répétiteur au collège de Clermont (auj. lycée Louis-le-Grand) à Paris en 1641. Il entreprend des études de médecine en 1645, qu’il termine à Montpellier en 1652. La quasi-totalité de sa vie professionnelle est liée à la famille Fouquet. François Fouquet, évêque d’Agde, est son protecteur à Montpellier. De retour à Paris avec son bienfaiteur, Jean Pecquet devient le médecin du frère de ce dernier, Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV. Il est membre de son premier cercle, médecin très en cour, et suit – volontairement semble-t-il – Nicolas Fouquet dans sa disgrâce. Après le bannissement du surintendant par le roi, Pecquet quitte Paris pour Dieppe et y exerce un temps la médecine. Il rentre finalement à Paris, ayant été nommé à l’Académie des sciences par Colbert en 1666 où il réalise encore quelques expériences. Il meurt à Paris le 26 février 1674. Quant aux causes de sa mort, Vigneul-Marville, moine chartreux lettré, contempteur de La Bruyère et ami de Pecquet, estime que l’eau-de-vie dont il usait comme remède universel « lui brûla les entrailles et avança ses jours qu’il aurait pu employer utilement au service du public » (selon le Dictionnaire historique de la médecine, de Nicolas Éloy, 1755).
Pecquet est connu pour avoir publié, entre 1648 et 1661, des découvertes conclusives sur l’anatomie et la physiologie du système lymphatique, et sur la circulation de la lymphe de l’abdomen au cœur. William Harvey avait établi en 1628 que le sang circulait à partir du cœur, mais il existait des désaccords sur son retour vers le cœur et sur la circulation du chyle à partir de l’abdomen. Presque un siècle auparavant, Vésale assurait que le chyle faisait retour au sang par le foie. Gaspare Aselli, en 1622, montre l’existence de « veines lactées » et conclut suivant Vésale, qu’elles se déversent dans le foie. Un quart de siècle plus tard, Pecquet confirme d’abord par l’anatomie l’existence de « veines lactées » puis démontre l’existence d’un réceptacle de ces veines (en fait les canaux lymphatiques) situé dans le thorax. Il s’en détache un gros vaisseau lymphatique, le canal thoracique. La lymphe qu’il transporte est déversée dans le sang au niveau de la veine sous-clavière gauche. Les travaux de Pecquet qui démontrent l’existence d’un second système circulatoire ont un retentissement considérable en Europe. Harvey, un de ses détracteurs, estime qu’il n’est pas utile de distinguer ces vaisseaux des autres. Néanmoins, Pecquet bénéficie de soutiens « circulateurs » illustres comme Molière, Boileau et Louis XIV. Vers 1750, il connaîtra une forme de reconnaissance de ses travaux sur la circulation chylifère (lymphatique) : on nommera citerne (ou réservoir) de Pecquet le réceptacle thoracique de la lymphe qu’il avait décrit.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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