RAMEAU JEAN-PHILIPPE
Le plus grand musicien français du xviiie siècle, contemporain de Jean-Sébastien Bach, de Haendel et de Domenico Scarlatti (nés en 1685), Rameau représente, face à ces maîtres étrangers, le classicisme français à son apogée. Théoricien autant que compositeur, il connut une gloire tardive : il avait cinquante ans quand fut créée sa première tragédie lyrique (Hippolyte et Aricie), soixante-deux ans lorsque Louis XV lui octroya le titre de « compositeur de la chambre du Roy », quatre-vingts ans lorsqu'il reçut ses lettres de noblesse. Oublié dès la fin du xviiie siècle, Rameau fut redécouvert au xxe : Debussy lui rend hommage dès le début du siècle ; plus près de nous, le festival d'Aix a monté Platée et Hippolyte et Aricie, l'Opéra de ParisLes Indes galantes... En Angleterre, en Allemagne, en Italie on joue Rameau. Beaucoup de ses œuvres figurent maintenant aux catalogues des firmes discographiques. L'effort accompli, particulièrement depuis 1983, année Rameau, n'est certes pas encore à la mesure de ce génie, mais le mouvement est lancé et beaucoup de musiciens pensent, avec l'un de ses biographes, que Rameau est « un auteur d'avenir ».
Des débuts obscurs
Jean-Philippe Rameau naquit à Dijon. Son père, organiste à la collégiale Saint-Étienne, puis à la cathédrale, fut son premier maître. Mais ce n'est qu'à l'âge de dix-huit ans qu'il se décida à devenir musicien professionnel.
Après un bref séjour à Milan, on le trouve, en 1702, maître de chapelle à Avignon, puis à la cathédrale de Clermont. En 1706, il « monte » à Paris et y publie son premier recueil de Pièces de clavecin. Il est alors organiste des Jésuites de la rue Saint-Jacques. En 1709, il revient à Dijon, où il succède à son père à l'orgue de la cathédrale. En 1713 et 1714, il est organiste à Lyon. Après quelques années de piétinement, semble-t-il, il retourne à Clermont, puis résilie son contrat pour s'établir définitivement à Paris (aux environs de 1722).
Il fait alors paraître son premier ouvrage théorique (Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels) et son deuxième livre de Pièces de clavecin. En 1726, il publie son Nouveau Système de musique théorique. La même année, il épouse Marie-Louise Mangot, une musicienne de dix-neuf ans qui lui donnera quatre enfants. Il est toujours organiste chez les Jésuites, poste qu'il conservera jusqu'en 1738. L'événement marquant de sa vie a lieu en 1727 : sa rencontre avec le fermier général La Pouplinière, généreux mécène qui va le soutenir pendant vingt-cinq ans.
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Écrit par
- Roger BLANCHARD : musicologue
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