PIERRE-BLOCH JEAN (1905-1999)
Né le 14 avril 1905 à Paris, fils d'industriel, Jean Pierre-Bloch est journaliste du quotidien de la S.F.I.O., Le Populaire, dès 1930. Pour avoir enquêté sur des pogroms à Constantine en 1934, il devient un antiraciste résolu. Membre du comité directeur de la L.I.C.A. (Ligue internationale contre l'antisémitisme) dès 1937, il est l'inlassable président de la L.I.C.R.A. (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) de 1968 à 1992, puis en sera le président d'honneur jusqu'à sa mort, survenue le 17 mars 1999, à Paris. Avec Cletta Mayer, épouse du président de la Ligue des droits de l'homme, son camarade Daniel Mayer, il participe au dialogue judéo-chrétien et contribue à la rencontre du pape Jean XXIII avec l'historien Jules Isaac pour que soit mis fin à l'enseignement du mépris des Juifs. Il se réjouit publiquement lorsque le IIe concile du Vatican renonce à identifier les Juifs comme peuple déicide.
Mais ce combattant antiraciste fut d'abord un militant socialiste et un résistant résolu. Député socialiste de l'Aisne en 1936, il est conseiller général dans ce département dès 1934 et jusqu'en 1967. Maire adjoint de Laon en 1935, c'est en Dordogne qu'il organise en 1941, près de Villamblard, le premier parachutage d'hommes et d'armes pour un groupe marseillais de résistance. Mais cela entraîne son arrestation et sa détention au camp de Mauzac puis dans celui de Miranda, en Espagne, après son évasion.
Après une nouvelle évasion, il rejoint Londres, où il travaille à la section non militaire du Bureau central de renseignements et d'action (B.C.R.A.), puis gagne Alger pour retrouver des fonctions de député en 1943 avant d'être nommé commissaire adjoint à l'Intérieur auprès d'Emmanuel d'Astier, en 1944. Il gère les services d'Alger pendant qu'à Londres d'Astier et Georges Boris restent en contact radio avec la délégation clandestine en France.
Président de la commission de la France d'outre-mer à l'Assemblée consultative provisoire d'Alger dès novembre 1943, il en cède la présidence parisienne à Gaston Monnerville. Il devient, en juin 1945, président de la commission pour la coordination des affaires musulmanes et tente de faire évoluer les statuts des populations indigènes d'Algérie qui déboucheront sur le statut de 1947, dont la non-application pèsera sur le déclenchement de la guerre d'Algérie en 1954.
Député jusqu'en 1947, Jean Pierre-Bloch a présidé, de 1946 à 1953, la Société nationale des entreprises de presse, gestionnaire des actifs des 618 journaux placés sous séquestre à la Libération pour avoir continué à paraître en France occupée. Il fut alors au cœur de la révolution de propriété des quotidiens français que les législateurs du Cahier bleu de la clandestinité, et notamment Pierre-Henri Teitgen, auraient voulu libérer totalement du pouvoir de l'argent. Mais, en acceptant lui-même, de 1955 à 1987, la présidence d'Universal Publicité, Jean Pierre-Bloch n'a pu que reconnaître le poids croissant des décideurs économiques dans l'ensemble des affaires de presse et d'édition.
S'il s'est éloigné de l'Assemblée nationale à quarante-deux ans et a renoncé à un mandat départemental vingt ans après, il n'a jamais abandonné le combat politique contre toutes les formes de racisme. Membre du jury d'honneur qui avait considéré, en 1981, que Maurice Papon aurait dû démissionner plutôt que de collaborer à la traque des Juifs en Gironde, Jean Pierre-Bloch vint témoigner au procès de Bordeaux, en mars 1998, pour dénier à l'ancien préfet sa qualité de résistant. Président honoraire de la Commission nationale consultative des droits de l'homme et grand-croix de la Légion d'honneur, il est resté fidèle jusqu'au bout au[...]
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Écrit par
- Charles-Louis FOULON : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)
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