Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LÉAUD JEAN-PIERRE (1944- )

La mise en scène dans la mise en scène

Selon ceux qui le dirigent, Léaud porte l’écharpe comme Truffaut, montre la véhémence de Godard, l’élégance de Bernardo Bertolucci, l’ascétisme nerveux de Philippe Garrel… C’est ici qu’apparaît la principale originalité de son jeu. Par cette attitude, il renvoie au cinéaste son image de metteur en scène, comme dans un miroir, et se pose lui-même en metteur en scène à l’intérieur du film. C’est le geste inaugural du dernier plan des Quatre Cents Coups : plantant son regard dans l’objectif de la caméra, il refuse ou détourne le pouvoir de son mentor. Il retourne la fonction de la caméra, prenant le spectateur à témoin de la mise en scène qu’il subit et refuse à la fois. Sa manière de travailler sur le plateau, imprévisible, insaisissable, est du même ordre : « Quand Léaud est parti, on ne sait pas où il va », commente le chef opérateur Willy Kurant à propos du tournage du Départ de Skolimowski. Ce n’est qu’avec les plus grands que cet affrontement s’étend tout le long d’un film. Le plus souvent, par cette méthode, Jean-Pierre Léaud donne à chaque film (Pour rire!, de Lucas Belvaux, 1997 ; LAffaire Marcorelle, de Serge Le Péron, 2000 ; Le Pornographe, de Bertrand Bonello, 2000 ; Le Havre, d’Aki Kaurismäki, 2011 ; Camille redouble, de Noémie Lvovsky, 2012), fût-ce parfois dans une seule scène, une force poétique aussi intense que celle apportée autrefois par certains grands seconds rôles comme Robert Le Vigan ou Jules Berry.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

Classification

Média

«La Chinoise», J.-L. Godard - crédits : UCLA Photo Collection/ Collection privée

«La Chinoise», J.-L. Godard

Autres références

  • GODARD JEAN-LUC - (repères chronologiques)

    • Écrit par et
    • 1 418 mots

    3 décembre 1930 Naissance de Jean-Luc Godard à Paris, d'une riche famille bourgeoise et protestante suisse. Il est élevé par sa mère au milieu des livres, et dans la religion protestante.

    1948 Après des études dans un collège à Nyons en Suisse, puis au lycée Buffon à Paris, il passe son baccalauréat...

  • LA MAMAN ET LA PUTAIN, film de Jean Eustache

    • Écrit par
    • 1 042 mots
    Eustache est magistralement servi par un trio d'acteurs qu'il a dirigé avec une rare rigueur. Jean-Pierre Léaud est un Alexandre plus vrai que nature et Bernadette Lafont comme Françoise Lebrun sont à tout jamais, l'une Marie, la Maman, et Véronika, la jeune Putain, mais celle que l'on aime....
  • LES QUATRE CENTS COUPS, film de François Truffaut

    • Écrit par
    • 944 mots
    La réussite du film tient à la rencontre entre le réalisateur et son jeune alter ego : Jean-Pierre Léaud est extraordinaire de spontanéité dans la peau d'Antoine. Truffaut a su merveilleusement capter le langage et le comportement des jeunes garçons de cet âge difficile, entre l'enfance et l'adolescence....
  • TRUFFAUT FRANÇOIS (1932-1984)

    • Écrit par
    • 2 164 mots
    • 4 médias
    ...le prix de la mise en scène. Outre l’originalité, la sincérité, la vivacité de l’écriture qui caractérisent ce film, la presse comme le public sont touchés par son aspect à l’évidence personnel, voire autobiographique, Antoine Doinel(Jean-Pierre Léaud) apparaissant comme le double du réalisateur.