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LÉAUD JEAN-PIERRE (1944- )

La mort du roi

Alors qu’on ne l’attendait plus, en tout cas dans un tel rôle, Jean-Pierre Léaud est en 2016 la vedette, ou plutôt le centre unique, d’un très beau film d’Albert Serra, La Mort de Louis XIV. La démarche du réalisateur catalan est aux antipodes de celle de Roberto Rossellini dans La Prise de pouvoir par Louis XIV (1966). Serra ne raconte pas des faits connus et ne s’intéresse nullement au contexte politique ou social. On ne quitte jamais du regard la chambre où agonise le roi, ni son corps ou son visage, sinon pour observer son entourage immédiat. Serra filme l’agonie de Louis à travers des impressions : lumière et surtout obscurité, conversations, chuchotements, silences, odeurs suggérées, humeurs, mastication, souffle, déglutition, objets, regards encore… Il nous offre ainsi une sorte de contre-champ du personnage de Léaud. Un Léaud de 72 ans progressivement réduit à l’immobilité, s’exprimant par des gestes convenus, codés, une grandissante économie de parole, des grognements même, des hurlements de douleur parfois… Mais un Léaud qui s’exprime par tout ce que la mise en scène de Serra lui permet encore : regards, expressions multiples du visage. Parfois, un geste rappelle « notre » Léaud : les doigts tendus, la main frappe sèchement, avec colère, le drap du lit… Serra évite de faire de cette agonie l’agonie d’une idée de la royauté ou, symboliquement encore, celle de la nouvelle vague à travers le corps vieilli et supplicié de Léaud. Le magistral travail d’acteur de Jean-Pierre Léaud ne balaie-t-il pas cette dernière fausse piste d’un geste large et définitif ? Ce qu’a parfaitement compris le festival de Cannes 2016 en profitant du film de Serra pour décerner à Léaud une palme d’or d’honneur.

— Joël MAGNY

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

Classification

Média

«La Chinoise», J.-L. Godard - crédits : UCLA Photo Collection/ Collection privée

«La Chinoise», J.-L. Godard

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    La réussite du film tient à la rencontre entre le réalisateur et son jeune alter ego : Jean-Pierre Léaud est extraordinaire de spontanéité dans la peau d'Antoine. Truffaut a su merveilleusement capter le langage et le comportement des jeunes garçons de cet âge difficile, entre l'enfance et l'adolescence....
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