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RAFFARIN JEAN-PIERRE (1948- )

Né le 3 août 1948 à Poitiers, Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre du gouvernement français de 2002 à 2005, déroge au profil de ses prédécesseurs. Ni normalien, ni énarque, mais diplômé de l'École supérieure de commerce de Paris (ESCP), il se prévaut de bien connaître le monde de l'entreprise et se présente comme un défenseur « des terroirs » et de « la France d'en bas ». Cette image d'anti-héros attaché à sa province cache cependant une tout autre réalité : celle d'un notable nourri de politique depuis l'enfance et qui a déjà une longue carrière derrière lui lorsqu'il accède à la tête du gouvernement.

C'est d'abord ce qu'on appelle un héritier. Son père, Jean Raffarin, président de nombreuses coopératives agricoles, l'a brillamment précédé sous la IVe République. Député Indépendant de 1951 à 1955, il est nommé secrétaire d'État à l'Agriculture (1954-1955) dans le gouvernement de Pierre Mendès France tout en occupant le poste de conseiller général de la Vienne pendant plus de trente ans. Aussi, lorsque le fils fait la connaissance de Valéry Giscard d'Estaing en juin 1972, c'est presque naturellement qu'il s'engage à ses côtés pour devenir l'un des principaux animateurs des Jeunes giscardiens.

Son expérience de la vie politique est ensuite beaucoup plus importante que celle qu'il a de la vie d'entreprise. Après un premier emploi dans une P.M.E. sous-traitante de cosmétiques, puis un bref passage comme chef de produit dans le service marketing des cafés Jacques Vabre (1973-1976), il exerce les fonctions de conseiller technique auprès de Lionel Stoléru, secrétaire d'État à la formation professionnelle au ministère du Travail. Après le retour de la gauche au pouvoir en 1981, il retourne dans le privé, au cabinet Bernard Krief Communication, où il s'occupera de plus en plus de la communication des collectivités territoriales. Parallèlement, il participe à la création du Parti républicain en 1977 où il exerce successivement les fonctions de délégué national aux élus locaux, puis celles de secrétaire national et enfin de membre du bureau politique. Il tente aussi sa chance aux élections mais sans grand succès : battu une première fois aux municipales de 1977 à Poitiers, il doit se contenter d'une place dans l'opposition jusqu'en 1995. Il se présente à nouveau aux élections législatives de 1978 mais en vain, tout comme en 1986 où le « patron » de la Vienne, René Monory, l'écarte de la liste qu'il conduit au profit de son ami Dominique Bussereau. La même année, cependant, il obtient un mandat de conseiller au sein de l'assemblée régionale de Poitou-Charentes. Lorsqu'il en devient président en 1988, il se consacre alors à plein temps à la vie politique.

À partir de 1989, il cumule ses responsabilités politiques locales et partisanes avec un mandat de député européen. Mais c'est surtout en 1995 que sa carrière politique s'envole. Cette année-là, alors qu'il vient d'être reconduit au Parlement européen, il est élu sénateur de la Vienne et conseiller municipal de Chasseneuil-du-Poitou. Il devient également secrétaire général de l'UDF et, surtout, accède pour la première fois au gouvernement comme ministre des PME, du Commerce et de l'Artisanat. C'est là que, pour avoir régulièrement délocalisé son ministère en province et instauré un contrôle administratif strict sur la création des surfaces commerciales supérieures à 300 mètres carrés, il se forge une image d'élu de proximité défendant les « petits » contre les « gros ». Jean-Pierre Raffarin ne cède cependant pas aux sirènes du populisme et, contrairement à d'autres, évitera d'avoir recours aux voix du Front national lors de sa réélection à la tête de la région Poitou-Charentes en 1998.[...]

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Écrit par

  • : docteur en science politique, maître de conférences en science politique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Média

Jean-Pierre Raffarin - crédits : Gilles Bassignac/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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