RAYNAUD JEAN-PIERRE (1939- )
Jean-Pierre Raynaud fait partie du petit nombre d'artistes français bien installés sur la scène internationale. Son itinéraire a facilité cette reconnaissance, par la permanence, pour lui, de certains matériaux emblématiques (comme la céramique) et par la continuité de ses préoccupations (dureté et froideur du monde, déshumanisation, omniprésence de la mort).
Né en 1939 à Courbevoie, dans la banlieue de Paris, Jean-Pierre Raynaud est marqué par la mort de son père dans un bombardement en 1943. Il suit une formation d'horticulteur qui lui donne en 1958 un diplôme professionnel dont il n'aura guère l'occasion de se servir. Car il commence, dès 1961, à manipuler des objets familiers, objets et matériaux trouvés, dans un besoin très personnel d'expression plastique. Il découvre bientôt les travaux et les acteurs du Nouveau Réalisme (Yves Klein, Daniel Spoerri, Raymond Hains, Jean Tinguely), ce qui constitue son premier contact avec l'art contemporain. Il en retient la confirmation de son intérêt personnel pour le quotidien et l'ordinaire. Ses premiers travaux sont des assemblages de matériaux du bâtiment, de signes empruntés et de panneaux de signalisation routière (en particulier le sens interdit). Une première exposition personnelle a lieu en 1965 à Paris (galerie Jean Larcade). Il y montre ce qu'il désigne comme des Psycho-objets, des compositions dont la portée symbolique et surtout psychologique est très forte, soulignée par l'usage de couleurs primaires. De l'objet à l'environnement, de l'environnement à l'architecture, les projets de Raynaud ont un contenu émotionnel qui, au cours de son œuvre, va affirmer leur échelle et leur force. En 1967, il représente la France à la biennale de São Paulo. Parallèlement au travail sur les objets (en particulier les pots à fleur, peints, multipliés comme les trois cents pots rouges exposés à la Kunsthalle de Düsseldorf en 1968, les quatre mille montrés à Hyde Park à Londres en 1971), il construit son premier environnement chez un collectionneur privé en 1969. Le carreau de céramique devient bientôt un élément constant de ses œuvres, en particulier dans sa Maison de La Celle-Saint-Cloud, qui demeure le lieu de vie et de recherche de l'artiste, emblématique de l'univers qu'il entend créer, en transformation permanente à partir de sa construction en 1969 et jusqu'à sa démolition en 1993. Carrelage que l'on retrouve pour des projets qui touchent à l'architecture : ainsi de ses nombreux Espaces zéro, comme le Container zéro des collections du Musée national d'art moderne-Centre Georges-Pompidou à Paris ; ainsi du projet (non réalisé) de La Tour blanche à Vénissieux (habillage d'un immeuble désaffecté dans le quartier des Minguettes) ; mais aussi pour des œuvres plus proche de la statuaire ou du tableau. Le domaine de ses emprunts d'objets s'est élargi à des systèmes de signalisation (divers signaux de danger, comme le risque de radioactivité) et de marquage abstrait, à des contenants industriels (containers, barils), mais aussi à des vitrines où des objets d'art anciens sont appelés à dialoguer avec les matériaux contemporains.
Il crée des vitraux en 1975 (à l'abbaye cistercienne de Noirlac) et expose régulièrement des objets et des environnements en Europe et aux États-Unis. Ses œuvres sont présentes dans la plupart des grands musées et dans de nombreuses collections privées, alors que des installations fixes ou des monuments sont visibles à Québec au Canada, sur le toit de la Grande Arche de la Défense en banlieue parisienne ou devant le bâtiment du C.N.R.S. à Paris.
La figure du Pot était au cœur de ses préoccupations quand, en 1996, l'artiste a fait voyager le Pot Doré offert par la fondation Cartier au Centre Georges-Pompidou pour le suspendre à une gigantesque[...]
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Écrit par
- Christophe DOMINO : critique d'art
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