PROUVÉ JEAN (1901-1984)
Structures et enveloppes
Au cours des années 1950, Prouvé collabore avec Guy Lagneau, Michel Weill et Jean Dimitrijevic à la réalisation de plusieurs projets : l'hôtel de France à Conakry, Guinée (1953-1954), le musée-maison de la culture du Havre (1955-1961) et la maison du Sahara (Salon des arts ménagers, Paris, 1958). Il crée, pour Raymond Gravereaux et Raymond Lopez, les façades légères de la Fédération nationale du bâtiment (Paris, 1948-1951). L'immense verrière qu'il conçoit pour le C.N.I.T. (avec les architectes Bernard Zehrfuss, Robert Camelot, Jean de Mailly, et l'ingénieur Nicolas Esquillan, 1954-1958) est un tour de force structurel. Son apport est à la fois partiel, car il intervient sur des projets dont les grandes lignes ont été déterminées par d'autres, et total, car ses interventions impliquent, quelle que soit l'échelle de l'objet traité, la globalité de l'acte de construire : murs-rideaux, portiques, meubles sont en effet pour lui des structures. Les sheds (toitures apportant la lumière) de l'imprimerie Mame à Tours (avec les architectes Bernard Zehrfuss, Drieu La Rochelle, 1950) engendrent les maisons-coques. Le principe du noyau porteur expérimenté dans l'habitat d'urgence trouve un développement dans les tours. Les panneaux conçus pour l'Institut de l'environnement à Paris (avec l'architecte Robert Joly, 1969) annonce les façades de la faculté de médecine de Rotterdam (avec les architectes Choisy, Van Embden, Van Esinga, 1971). Prouvé puise dans la logique du matériau les éléments d'un langage essentiel dont il décline les possibilités. Il crée une nouvelle élégance constructive, que l'on observe aussi bien dans ses tables en tôle d'acier laqué que dans les murs-rideaux de l'hôtel de ville de Grenoble (avec l'architecte Maurice Novarina, 1956) ou de la tour Nobel à La Défense (avec les architectes Jean de Mailly et Henri Depussé, 1967).
Comme l'écrit Le Corbusier, Prouvé est « indissolublement architecte et constructeur car tout ce qu'il touche et conçoit prend immédiatement une élégante forme plastique tout en réalisant, si brillamment, les solutions de résistance et de mise en fabrication ». Il explore des chemins multiples. Pour le pavillon du centenaire de l'aluminium (avec l'ingénieur Michel Hugonet, Paris, 1954), il imagine une toiture en aile d'avion sur portique articulé. Pour la buvette d'Évian (avec l'architecte Maurice Novarina, et les ingénieurs Serge Ketoff, Jean Boutemain, 1956), il dessine des béquilles reliées par des poutres-caissons. Pour l'école de Villejuif (Serge Ketoff, 1957), il invente un mécano de tôles pliées, de profilés et de panneaux de bois. C'est dans des œuvres comme le palais des expositions de Grenoble (avec les architectes Claude Prouvé, Serge Binotto, et les ingénieurs Léon Pétroff, Louis Fruitet, 1967-1968) que l'on mesure son audace : sur des travées carrées de trente-six mètres de côté constituées de poutres en acier portées par des supports en tube, il pose une nappe couverte de bacs en acier. Cette structure offre des porte-à-faux de dix-huit mètres auxquels il suspend les façades, simples parois de verre raidies par des poteaux en tôle pliée. Grand prix du Cercle d'études architecturales en 1952, lauréat du prix Auguste-Perret de l'Union internationale des architectes en 1963, du prix Érasme en 1981, Jean Prouvé bénéficie dès les années 1960 d'une solide notoriété internationale. Il enseigne au Conservatoire national des arts et métiers de 1957 à 1970. Il préside en 1971 le concours du Centre Beaubourg. Une exposition lui est consacrée en 1983 à l'Institut français d'architecture. Il s'éteint le 23 mars 1984 à Nancy.
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Écrit par
- Joseph ABRAM : architecte, professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Nancy, chercheur au Laboratoire d'histoire de l'architecture contemporaine
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