RESTOUT JEAN (1692-1768)
Il a fallu attendre 1970 et l'importante exposition organisée par le musée de Rouen pour que la personnalité de Jean Restout retrouve la place qu'elle méritait dans l'histoire de la peinture française du xviiie siècle. Voici en effet un artiste qui, dans un siècle que l'on répute trop facilement occupé de frivolités, a consacré toute sa carrière à la grande peinture, aux sujets religieux et mythologiques.
Né à Rouen, Restout se trouve être le neveu de Jean Jouvenet. Les leçons qu'il reçut de son oncle resteront sensibles tout au long de sa vie. Académicien en 1720, il fut successivement professeur, directeur et enfin chancelier de l'Académie (1761). Carrière brillante donc, et qui ne doit rien à la mode : les sujets galants sont rares chez Restout, et les portraits guère plus fréquents ; il pouvait cependant en faire de charmants comme celui de son fils Jean-Bernard (1736, musée de Stockholm). Pénétré de la dignité que comporte le métier de peintre, et de peintre d'histoire, Restout apparaît comme celui qui continue, en pleine époque de Louis XV, les traditions du Grand Siècle.
Appelé à concourir avec les peintres les plus importants de sa génération au décor de l'hôtel Soubise, Restout ne se montre en rien inférieur aux autres ; un tableau comme La Dispute de Neptune et de Minerve (1738) soutient fort bien la comparaison avec le Boucher et le Trémollières que l'on voit dans la même pièce : harmonie précieuse, fondée sur des tons verdâtres, dessin aigu, un peu maniéré. Mais nous sommes encore dans un genre mineur. Le Martyre de saint André (1749, musée de Grenoble) montre, avec son enchevêtrement de diagonales et ses étonnants effets de contre-jour, à quelle puissance peut atteindre Restout. Le Baptême du Christ (1758, Saint-Nicolas-du-Chardonnet, Paris) présente une composition plus souple, un dessin sinueux qui n'est pas sans évoquer Corrado Giaquinto ou certains maîtres de l'Europe centrale. Rencontres fortuites, car il ne semble pas que Restout ait beaucoup voyagé, mais elles suffisent à montrer la place importante de ce peintre trop longtemps méconnu.
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Écrit par
- Georges BRUNEL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
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Autres références
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ROCOCO
- Écrit par Georges BRUNEL , François H. DOWLEY et Pierre-Paul LACAS
- 21 059 mots
- 14 médias
...cabanes à toit de chaume et palissades venant contraster avec les pyramides et les palmiers. L'exposition tenue à Rouen en 1970 a montré l'importance de Jean Restout (1692-1768), peintre essentiellement religieux, chez qui se manifeste souvent le goût des formes allongées, des éclairages irréels, des poses...