Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ROCHEFORT JEAN (1930-2017)

Né le 29 avril 1930 à Paris, admis au Conservatoire en 1950, où il a pour condisciples Claude Rich, Jean-Paul Belmondo, Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort le quitte en 1953 pour jouer L'Amour des quatre colonels de Peter Ustinov avec la compagnie Grenier-Hussenot où il reste sept ans. Là, il côtoie Yves Robert avec lequel il tournera par la suite quelques-uns de ses films les plus célèbres. Au théâtre, il joue essentiellement des auteurs contemporains, français et étrangers : Billetdoux, Dürrenmatt, Pinter, Obaldia, Miller, Saunders, Nichols... À la télévision, il se fait remarquer dans les adaptations de Pouchkine (La Dame de pique, Stellio Lorenzi, 1958), Beaumarchais (Le Mariage de Figaro, Marcel Bluwal, 1961), ou Molière (Le Misanthrope, Pierre Dux, 1971).

Yves Robert, Miou-Miou et Jean Rochefort - crédits : Jerome Prebois/ Sygma/ Getty Images

Yves Robert, Miou-Miou et Jean Rochefort

À partir des années 1960, Jean Rochefort entame une carrière cinématographique d’une grande richesse et commence à façonner son personnage, où dandysme et ironie se mêlent étroitement. La série Angélique marquise des Anges (1964-1965), de Bernard Borderie, lui apporte un début de célébrité aux côtés de Michèle Mercier et de Robert Hossein. Rochefort a de l'élégance et de l'humour ; il a aussi un physique particulier : fin, osseux, la moustache et le cheveu noirs, il caracole avec aisance (dès avant Angélique, dans Le Capitaine Fracasse, Pierre Gaspard-Huit, 1960 ; Cartouche, Philippe de Broca, 1961 ; Le Masque de fer, Henri Decoin, 1962) et suivra de Broca dans ses films d'aventures (Les Tribulations d'un Chinois en Chine, 1965) comme dans ses comédies (Le Diable par la queue, 1968). Surtout, il va tourner huit films d'Yves Robert et sept de Patrice Leconte. Sous la direction du premier, on le voit en duo avec Pierre Richard dans des pastiches de films d'espionnage (Le Grand Blond avec une chaussure noire, 1972, puis Le Retour du grand blond, 1974), et face à Marcello Mastroianni dans Salut l'artiste (1973). Avec Claude Brasseur, Guy Bedos et Victor Lanoux, Rochefort cultive l'amitié des groupes d'hommes d'Un éléphant ça trompe énormément (1976) et de Nous irons tous au paradis (1977) ; il profite de Mai-68 pour vivre une aventure extraconjugale (Courage fuyons, 1979) et participe également au Château de ma mère (1990) et au Bal des casse-pieds (1991).

Il figure déjà dans le premier long-métrage de Leconte avec Coluche (Les vécés étaient fermés de l'intérieur, 1976) et son interprétation de Lucien Jeunesse animant à travers la France « Le Jeu des mille francs » de France Inter, accompagné de son technicien (Gérard Jugnot), est un modèle de sobriété et de profondeur (Tandem, 1987). Il cultive le même registre dans sa rencontre avec Johnny Hallyday (L'Homme du train, 2002). Si tout le film tourne autour de son personnage dans Le Mari de la coiffeuse (1990), Jean Rochefort excelle dans les œuvres chorales où il parvient à imposer son personnage en l'espace de très peu de scènes (Tango, 1992 ; Ridicule, 1995). D'ailleurs, il aime aussi les confrontations, les numéros d'acteur avec des partenaires aussi pittoresques que lui (Les Grands Ducs, 1995, avec J.-P. Marielle et P. Noiret, comme auparavant Que la fête commence, Bertrand Tavernier, 1974, avec le même Noiret).

Mais ses plus marquantes prestations se situent dans l'expression de tout le non-dit qui hante le commandant de l'escorteur des chalutiers du Grand Nord qui se sait atteint d'un mal incurable et rêve de son passé colonial (Le Crabe-Tambour, Pierre Schoendoerffer, 1978) et dans la réserve du fils qui, en recherchant sa vieille mère disparue le long d'une voie de chemin de fer, renoue avec sa propre fille des rapports depuis longtemps disjoints (Un étrange voyage, Alain Cavalier, 1980). En 1999, il reçoit un césar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, qui compte plus d’une centaine de films. Choisi par[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

Classification

Média

Yves Robert, Miou-Miou et Jean Rochefort - crédits : Jerome Prebois/ Sygma/ Getty Images

Yves Robert, Miou-Miou et Jean Rochefort