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SCHLUMBERGER JEAN (1877-1968)

Romancier et essayiste, Jean Schlumberger reste à travers toute son œuvre d'une discrétion et d'une lucidité très classiques. Ami d'André Gide et, comme lui, né protestant, il se dégage de la religion et de la conscience du péché, tout en gardant un sens aigu de la famille et du devoir. De 1909 à 1914 il anime la N.R.F., avec Jacques Copeau et André Ruyters. Il écrit quelques pièces comme Césaire, mais c'est surtout son activité de romancier qui le révélera. L'Inquiète Paternité (1913) décrit l'angoisse d'un père envers son fils, et son soulagement quand il apprend que cet enfant n'est pas le sien. C'est justement à partir de cette révélation que le père pourra regagner la confiance de l'enfant, recevoir enfin son affection. Les autres romans poursuivent la même réflexion : Schlumberger tente d'explorer la psychologie très complexe de la famille ou d'un groupe social (Un homme heureux, 1921 ; Stéphane le glorieux, 1940), Histoire de quatre potiers, 1935, tente d'appréhender l'inquiétude sociale et non plus familiale. Comme il avait montré que la paternité était d'abord affaire de confiance réciproque, Schlumberger trouve à présent sur son chemin une sorte de communisme antique idéalisé, libre association des artisans, où s'établiraient des rapports d'harmonie et de paix. Dans La Mort de Sparte (1921), il évoque cette fois un sentiment national, une conscience de groupe, qui donnerait sens à l'institution. Ainsi c'est véritablement une œuvre de moraliste qui s'est vue récompensée par le Grand Prix national des lettres en 1955, même si certains aspects comme l'austérité du style et l'analyse des sentiments font penser à Mauriac. Des essais sur Corneille (Plaisir à Corneille), sur Retz, une étude affectueuse sur Gide et sa femme, Madeleine et André Gide (1956), quelques nouvelles, Passion (1956) témoignent de la même autorité et de la même paix.

— Antoine COMPAGNON

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis

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Autres références

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    • Écrit par
    • 592 mots

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