SIBELIUS JEAN (1865-1957)
Affirmation d'une personnalité
En 1889, Sibelius découvre en fouillant dans des vieux tiroirs qu'un de ses oncles, grand voyageur, avait internationalisé en Jean son prénom Johan : Sibelius décide de faire de même et lui aussi, cette même année, commence à voyager. À Berlin, il étudie le contrepoint avec Alfred Becker pendant l'hiver 1889-1890 et compose un quintette pour piano et cordes. L'hiver suivant, il est à Vienne : en dépit d'une lettre de recommandation de Busoni, il est éconduit par Brahms, et c'est auprès de Robert Fuchs et de Karl Goldmark que Sibelius se perfectionne. Il compose ses premières partitions orchestrales et lance les premières ébauches de Kullervo. De retour en Finlande, il donne, en avril 1892, sa symphonieKullervo pour soprano, baryton, chœur d'hommes et orchestre : les quelque quatre-vingt-dix minutes de la partition transportent le public qui veut y voir l'acte de naissance de la musique finnoise. L'œuvre, saluée avec un enthousiasme patriotique, sera reprise mais disparaîtra complètement de l'affiche du vivant de Sibelius qui n'en était ni satisfait, ni désireux de la réviser ! Quelques semaines après ce premier succès, Sibelius épouse Aïno Järnefelt : ils auront six filles et vivront ensemble pendant soixante-cinq ans ! Cette même année 1892, Sibelius est nommé professeur à l'Institut. Le 16 février 1893, il exécute En Saga (« Une légende »), une œuvre grand public que semblait appeler sa notoriété grandissante ; insatisfait encore une fois, il retire la partition. Il faut attendre 1902 pour voir naître la version entièrement révisée que nous connaissons aujourd'hui.
Avec la Suite de Lemminkäinen (1893-1896), moins bien accueillie en Finlande que Kullervo, Sibelius atteint la dimension universelle de son génie. Les deux derniers des quatre mouvements de cette suite – Le Cygne de Tuonela et Le Retour de Lemminkäinen – vont connaître une brillante carrière internationale. Entre-temps, au cours d'un voyage à Bayreuth et à Munich, Sibelius avait entendu Tristan : il avoue n'éprouver aucune sympathie pour l'art de Wagner. Il ne faut donc pas s'étonner si Lemminkäinen – bien que l'exprimant par des moyens fort différents – témoigne d'une sensibilité beaucoup plus proche de l'expressionnisme français que du wagnérisme, définitivement étranger à Sibelius après la tentative infructueuse de la composition d'un opéra (La Construction du bateau) et malgré La Jeune Fille et la tour, opéra achevé en 1896 mais que Sibelius refusera toujours de faire reconnaître. Cette même année, Sibelius échoue devant Robert Kajanus à la succession de Friedrich Richard Faltin comme professeur à l'Université, mais en 1897 il reçoit une rente annuelle qui sera dix ans plus tard transformée en pension à vie, ce qui lui évitera bien des soucis matériels.
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Écrit par
- Michel VINCENT : maître en lettres modernes et linguistique générale, chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence, producteur à Radio-France, directeur antenne musique, Radio France Internationale
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Média
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