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SIBELIUS JEAN (1865-1957)

Le cycle des symphonies

En 1899, Sibelius achève sa Première Symphonie, en mi mineur. Il entamait là un cycle qui va porter la marque de l'évolution de son art et le fait apparaître comme le second grand symphoniste du tournant de siècle, au côté de Gustav Mahler. C'est néanmoins Finlandia, poème symphonique publié en 1900, qui allait marquer le début de sa carrière internationale, favorisée par la présence du pavillon finlandais à l'Exposition universelle de Paris où se produisit l'Orchestre philharmonique d'Helsinki dont il était le second chef accompagnateur. La Deuxième Symphonie, en majeur (1901), porte les marques de l'infatigable voyageur que devient Sibelius : mûrie depuis son retour de Paris, poursuivie en Italie après un voyage en Allemagne, elle repose sur un grand nombre de réminiscences, bien qu'il lui dénie toute intention de programme.

En 1903, pour illustrer une scène de la pièce Kuolema (la mort) de Armas Järnefelt (son beau-frère), Sibelius achève un « tempo di valse lente » qui, rebaptisé Valse triste, allait devenir inséparable de son renom, alors que ce petit mouvement est à ranger aux côtés des nombreuses valses qu'il écrivait (souvent pour se détendre) et qui rappellent simplement le goût avoué que Sibelius avait pour celles de Strauss. En 1904, Sibelius se souvient de son instrument favori : le résultat est le Concerto pour violon, œuvre virtuose dans laquelle soliste et orchestre ne se renvoient pratiquement jamais les mêmes thèmes. Au printemps de la même année, il quitte Helsinki pour faire construire à Järvanpää la villa qu'il habitera jusqu'à sa mort. Et, à l'automne, il commence sa Troisième Symphonie, en ut majeur, présentée au public le 25 septembre 1907. Sibelius y atteint une extrême concentration (l'œuvre dure moins d'une demi-heure) et prône un dépouillement de l'orchestre (absence de tuba, prédominance des cordes) qui annonce Karl Amadeus Hartmann. Entre-temps, après Berlin et l'Angleterre, il attache son nom, à la suite de Fauré, Debussy et Schönberg, à une musique de scène de Pelléas et Mélisande. Un mois plus tard, Mahler est à Helsinki, le temps pour Sibelius de constater que leurs conceptions de la symphonie s'opposent... Après de nouveaux voyages en Angleterre (au cours de l'un d'eux, il achève son quatuor à cordesVoces Intimae), Sibelius commence en 1910 sa Quatrième Symphonie, en la mineur. Il la termine l'année suivante après l'avoir poursuivie en Norvège, à Berlin, en Suède et à Riga ! L'austérité de l'œuvre, sa concision et sans doute aussi son incertitude tonale déconcertent le public qui passe à côté d'une des plus intéressantes créations de Sibelius. Il faut attendre 1913 et les cinquante ans du compositeur pour que voie le jour la Cinquième Symphonie, en mi bémol majeur, qui sera celle qui lui donnera le plus de mal. (L'annonce de la Première Guerre mondiale, qui est pour lui une complète surprise, l'a profondément perturbé et n'a sûrement pas simplifié sa tâche.) De ses années passées en Angleterre et aux États-Unis émerge Luonnotar, un chef-d'œuvre absolu pour soprano et orchestre donné en 1913 au festival de Gloucester et dont on s'étonne encore qu'il ne soit pas plus joué aujourd'hui.

La révolution russe de 1917 a eu de tragiques conséquences en Finlande. Une guerre civile d'indépendance particulièrement meurtrière allait décimer le pays avant que ne soit proclamée la république le 25 juillet 1919. Quatre mois plus tard sera donnée la version définitive de la Cinquième Symphonie. Elle sera suivie de la Sixième Symphonie en 1923 (après un dernier voyage en Angleterre et une tournée en Suède et en Norvège), qui correspond dans sa simplicité à l'idéal de clarté, d'équilibre et de concentration auquel[...]

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Écrit par

  • : maître en lettres modernes et linguistique générale, chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence, producteur à Radio-France, directeur antenne musique, Radio France Internationale

Classification

Média

Jean Sibelius - crédits : Keystone Features/ Hulton Archive/ Getty Images

Jean Sibelius

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