TODT JEAN (1946- )
Ancien pilote de rallye et directeur d'écurie, le Français Jean Todt est une figure essentielle du sport automobile.
Issu d'une famille juive polonaise, Jean Todt voit le jour le 25 février 1946 à Pierrefort dans le Cantal. Au cours de son enfance, l'emménagement de sa famille à Bezons, en banlieue parisienne, aurait été peu de chose s'il n'avait, pour le gamin rêvant de son premier cyclomoteur, marqué le départ de son destin mécanisé. À Courbevoie, il fréquente bientôt le champion de rallye Jean-François Piot et décide que sa passion d'adolescent serait celle de sa vie. Mais l'homme qui allait plus tard, par sa rigueur et sa volonté, s'imposer comme le meilleur des navigateurs de rallye puis comme le patron des patrons d'écuries se montre au volant un pilote si impétueux que moteurs et carrosseries n'y résistent point !
Jean Todt a la sagesse de ne pas insister et se glisse, au hasard d'un essai, dans le baquet du coéquipier de rallye. C'est le début d'une première carrière de quinze années, qui le voit annoncer virages et pièges de la route avec autant de sang-froid que de précision. Sa réputation sans cesse croissante l'installe au côté des plus grands champions de la spécialité – Andersson, Aaltonen, Mikkola, Timo Mäkinen, Warmbold –, mais aussi de sa première idole, Piot. Jusqu'au couronnement de 1981 lorsque, avec Guy Fréquelin au volant d'une Talbot, il apporte à Peugeot le titre mondial des constructeurs.
À ce moment, Todt a décidé de prendre un autre virage. Après avoir soumis un projet ambitieux à Peugeot, il crée une vraie structure de compétition – Peugeot Talbot Sport –, axée sur la construction d'une voiture de rallye dérivée de la 205, vedette commerciale de la firme.
Cette seconde carrière ne saurait mieux s'exprimer qu'en termes de palmarès. En deux saisons, la 205 Turbo 16 gagne seize des vingt-six rallyes auxquels elle participe, remportant deux fois le titre mondial des constructeurs, en 1985 et 1986 en y ajoutant les deux titres du championnat des pilotes, avec Timo Salonen et Juha Kankkunen.
Ces bolides étant jugés trop dangereux, un changement de réglementation écarte la 205 des rallyes classiques, et contraint Jean Todt à se tourner vers l'horizon plus aventureux des rallyes-raids. Cette « traversée du désert » n'en sera pas moins bénéfique, même lorsque Peugeot passera le relais aux ZX de l'autre marque du groupe, Citroën. Parmi de nombreux succès, ses voitures alignent quatre victoires d'affilée dans le Paris-Dakar qui fait la gloire d'Ari Vatanen, et s'imposèrent dans Paris-Pékin. Simultanément, Todt a lancé un programme pour les circuits qui, à deux reprises, fera triompher la Peugeot 905 aux 24 Heures du Mans (1992 et 1993). Il y ajoute, en 1992, les titres mondiaux du Championnat des voitures de sport constructeurs et pilotes, avec Yannick Dalmas et Derek Warwick.
Comme tout amoureux de l'automobile, Jean Todt accorde une place à part à l'écurie au cheval cabré. Grâce à son ami Jean Guichet, vainqueur au Mans sur un bolide de Maranello, il a pu rencontrer Enzo Ferrari quelques années avant sa mort survenue en 1988. Déjà, la Scuderia cherchait à renouer avec ses heures de gloire en formule 1, interrompues depuis 1979, année du titre mondial remporté par Jody Scheckter.
En 1993, la firme se décide à faire appel au Français. Jean Todt, premier étranger à occuper le poste de directeur de la gestion sportive, arrive en Italie avec sa méthode fondée sur le travail, la motivation et l'abnégation. Il aura tout à construire, à reconstruire. Il s'entoure des meilleurs, collaborateurs dévoués comme Claudio Berro ou as de la technologie comme les ingénieurs Ross Brawn et Rory Byrne. Et surtout, contre l'avis de l'opinion italienne, il trouve le financement qui lui permit d'engager[...]
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Écrit par
- Bernard CHEVALIER
: rédacteur en chef au journal
L'Équipe - Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
-
SCHUMACHER MICHAEL (1969- )
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 1 713 mots
...ambitieux encore : apporter à la Scuderia Ferrari le titre mondial des pilotes qu'elle attend depuis 1979, année de la victoire du Sud-Africain Jody Scheckter. Le Français Jean Todt, qui a pris les rênes de l'écurie en 1993, a su convaincre l'Allemand de participer à l'aventure et de marquer ainsi l'histoire...