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VILAR JEAN (1912-1971)

Comédien, metteur en scène, cofondateur du festival d'Avignon en 1947 puis maître d'œuvre du Théâtre national populaire (T.N.P.) de 1951 à 1963, Jean Vilar est l'une des grandes figures françaises du théâtre du xxe siècle. Associant ses convictions morales, civiques et politiques à des choix esthétiques rigoureux, il impose un théâtre de qualité ouvert sur la société et l'histoire, qui se veut accessible au plus grand nombre.

La création du festival d'Avignon

Fils de petits commerçants, Jean Vilar est né à Sète (Hérault) le 25 mars 1912. Après une initiation à la littérature et à la musique et l'obtention du baccalauréat de philosophie, il « monte » à Paris en 1932. Surveillant au collège Sainte-Barbe, le jeune homme s'inscrit à la Sorbonne pour obtenir une licence de lettres. Mais l'invitation d'un ami à assister à une répétition de Richard III monté par Charles Dullin sera décisive pour son avenir. Il choisit la pratique du théâtre et s'inscrit à l'école du metteur en scène. Là, durant trois ans, il va se familiariser aux différentes disciplines scéniques, du jeu d'acteur à la régie de plateau. Après une période matériellement difficile et le début de la guerre, Jean Vilar, réformé après une grave opération, se joint en 1941 à une troupe ambulante de jeunes comédiens, La Roulotte, dirigée par André Clavé. Au sein de cette compagnie, il effectue ses véritables débuts d'acteur dans George Dandin de Molière et interprète en lever de rideau une pièce en un acte dont il est l'auteur, La Farce des filles à marier.

En 1943, Jean Vilar réalise sa première mise en scène avec La Danse de mort de Strindberg, dont il interprète le rôle du Capitaine dans une salle privée parisienne. À l'automne de cette même année, il fonde sa propre troupe : La Compagnie des Sept. Entre 1943 et 1946 il crée les « régies » – terme qu'il préférera à celui de mises en scène – et interprète plusieurs pièces, dont Meurtre dans la cathédrale de T. S. Eliot au théâtre du Vieux-Colombier, en 1945, qui lui vaut la reconnaissance du public et de la critique. Parmi les spectateurs conquis, le poète René Char et le critique d'art Christian Zervos qui projettent une exposition de peintres modernes au palais des Papes d'Avignon. Au printemps 1947, Zervos propose à Vilar de s'associer à la manifestation. Après quelques tractations, celui-ci accepte de participer à Une semaine d'art en Avignon qui se déroule du 4 au 10 septembre 1947. Il y présente deux régies personnelles : La Tragédie du roi Richard II de Shakespeare dans la cour d'honneur du palais des Papes, qui reçoit un premier aménagement rudimentaire, La Terrasse de midi de Maurice Clavel au Théâtre municipal. À cela s'ajoute Tobie et Sara de Paul Claudel dans une mise en scène de Maurice Cazeneuve. L'aventure de ce qui allait devenir le plus grand festival de théâtre du monde venait de commencer.

Jean Vilar, 1961 - crédits : Keystone-France\Gamma-Rapho/ Getty Images

Jean Vilar, 1961

En septembre 1951, sur proposition de Jeanne Laurent, sous-directrice au secrétariat des Arts et des Lettres, Jean Vilar est nommé directeur du T.N.P. Il s'installe au palais de Chaillot dans une filiation d'esprit avec Firmin Gémier, pionnier du théâtre populaire et bref occupant des lieux en 1920, en s'assignant trois obligations majeures : « un répertoire de haute culture, une régie qui ne falsifie pas les œuvres, et la conquête d'un public de masse ». Vilar monte surtout des classiques français et étrangers (Corneille, Brecht, Molière, Kleist, Büchner, Shakespeare, Beaumarchais, Tchekhov...), mais contribue aussi – avec parcimonie – à la découverte de nouveaux auteurs (Pichette, Vauthier, Pinget, Vinaver, Gatti...), confiant parfois leurs régies à ses proches collaborateurs (Gérard Philipe, Jean-Pierre Darras, George Wilson). Ce choix de répertoire répond au souhait[...]

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Jean Vilar, 1961 - crédits : Keystone-France\Gamma-Rapho/ Getty Images

Jean Vilar, 1961

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