VILLOT JEAN (1905-1979)
L'histoire retiendra le nom du cardinal Villot comme celui de l'ecclésiastique français qui, au xxe siècle, accéda aux fonctions les plus hautes : ce prêtre auvergnat, devenu le second personnage de l'Église catholique romaine, eut à présider à deux reprises les délibérations du Sacré Collège réuni en conclave pour élire le successeur de saint Pierre. Mais, avant d'exercer cette charge, il avait joué dans l'Église de France un rôle de tout premier plan qui l'avait préparé à ses responsabilités ultérieures. Sa carrière s'est déroulée en quatre périodes. Né dans une famille de paysans, à Saint-Amant-Tallende (Puy-de-Dôme), Jean Villot se dirigea très tôt vers le sacerdoce : au terme de ses études secondaires, il fut admis au séminaire de l'Institut catholique de Paris et compléta sa formation par un séjour à Rome, où il obtint les doctorats de théologie et de droit canon. Ordonné prêtre en 1930, il regagne son diocèse d'origine, Clermont- Ferrand. Les vingt premières années de son ministère sont consacrées au professorat : d'abord au grand séminaire de Clermont, jusqu'en 1939, puis aux facultés catholiques de Lyon, dont il sera vice-recteur de 1942 à 1950. En marge de son enseignement, il est aumônier d'étudiants et participe au développement de l'Action catholique spécialisée. Il suit avec sympathie l'activité intellectuelle et restera toute sa vie profondément marqué par l'esprit qui préside au renouveau du catholicisme français entre 1930 et 1950. Il gardera aussi de ce temps de nombreuses amitiés parmi les dirigeants et aumôniers de la J.E.C. et de la J.O.C.
L'année 1950 marque un premier tournant dans cette existence vouée jusque-là au ministère et à l'enseignement : il succède alors à Mgr Chappoulie comme responsable du Secrétariat de l'épiscopat qui a son siège rue du Bac, à Paris, et qui constitue, sous des apparences discrètes – celui qui occupe ce poste n'est que l'exécutant des décisions arrêtées par la hiérarchie –, une instance capitale. Cette nomination de Jean Villot coïncide avec l'ébauche d'une certaine collégialité épiscopale : des commissions associent l'ensemble des évêques à l'examen des questions et à l'élaboration des décisions ; des assemblées plénières réunissent tous les trois ans la totalité des évêques à partir de 1951. De cet effort d'organisation et de concertation Mgr Villot est l'artisan efficace.
Il est aussi l'interlocuteur des pouvoirs publics en un temps dominé par le réveil de la querelle scolaire. Depuis la parution du livre de Robert Lecourt, Concorde sans concordat (1978), on sait qu'il prit une part décisive aux pourparlers engagés entre le gouvernement de Guy Mollet, l'épiscopat français et le Vatican en vue d'un règlement général des questions pendantes entre l'Église et l'État : statut des diocèses concordataires de Metz et Strasbourg, problèmes d'outremer, aide aux écoles confessionnelles, statut des congrégations.
Après neuf ans passés dans ce poste important, Mgr Villot accède à une grande responsabilité pastorale. En 1959, il est nommé coadjuteur du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, dont il était l'auxiliaire depuis 1954 ; cette nomination n'avait pour objet que de lui conférer une nouvelle autorité morale en l'élevant à l'épiscopat. À la mort du cardinal (janv. 1965), il lui succède de plein droit. Paul VI lui confère la pourpre quelques semaines plus tard avec le titre d'évêque du diocèse suburbicaire de Frascati. Tout porte alors à penser que Jean Villot mourra sur ce siège de primat des Gaules.
Mais, en avril 1967, Paul VI, qui entreprend d'internationaliser la Curie, l'appelle à Rome pour faire de lui le préfet de la Congrégation pour[...]
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Écrit par
- René RÉMOND : président de la Fondation nationale des sciences politiques
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