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WAHL JEAN (1888-1974)

Philosophe et poète, Jean Wahl fut d'abord un élève brillant au lycée Janson-de-Sailly à Paris. Après un an de préparation au lycée Louis-le-Grand, il entre à l'École normale supérieure en 1907 et, dès 1910, est agrégé de philosophie (premier de la liste devant son ami Gabriel Marcel). Docteur ès lettres en 1920, il enseigne à Besançon, Nancy, Lyon, avant d'être appelé à la Sorbonne en 1936 où, hors le tragique entracte de la Seconde Guerre mondiale et de la persécution raciste, il enseigne presque jusqu'à sa mort. En province comme à Paris, malgré sa chétive stature et des dehors timides, pendant près de soixante ans, Wahl exerce sur plusieurs générations d'étudiants (et bien au-delà du milieu universitaire) une très profonde influence, non seulement par une culture exceptionnellement vaste, son goût fervent de tous les arts, sa vocation personnelle de poète bilingue (l'anglais lui est aussi familier que sa langue maternelle, et en littérature comme en philosophie, en peinture aussi bien qu'en musique sa curiosité et son savoir dépassent toute frontière), mais aussi par une méthode pédagogique très personnelle, faite surtout de questionnements et d'apparentes hésitations, par un jeu d'apories allant toujours au cœur même du réel.

Après l'exode de 1940, qui avait laissé Wahl à Bayonne, il est rappelé à la Sorbonne en octobre, mais l'ordre vient de Vichy, en décembre, de mettre d'office à la retraite les professeurs d'origine juive. C'est à présent dans une chambre d'hôtel que Wahl réunit ses étudiants ; loin de se taire, il dit crûment ce qu'il pense de la collaboration et même de l'attentisme. Arrêté en juillet 1941, il est jeté au cachot, puis interné à Drancy. Grâce à plusieurs interventions, il est libéré en novembre, très affaibli. Il gagne les États-Unis en 1942, où il enseigne à Mount Holyoke College. Rentré à Paris en 1945, il fait de son appartement un lieu de rencontre pour des philosophes, des écrivains, des artistes de tous âges et de tous pays. Directeur de la Revue de métaphysique et de morale, président de la Société française de philosophie, fondateur et animateur du Collège philosophique, visiting professor à Chicago, à Berkeley, en Tunisie, il est présent à tous les congrès, mais aussi aux concerts et aux expositions.

Ses thèses de 1920 publiées chez Alcan (Le Rôle de l'idée d'instant dans la philosophie de Descartes et Les Philosophies pluralistes d'Angleterre et d'Amérique) laissent paraître les axes centraux de sa pensée. Dans la vision cartésienne du temps, il décèle la menace du discontinu, mais, d'autre part, derrière la façade du néo-hégélianisme anglais, il montre la valeur « tragique » du « singulier », notamment (avec MacTaggart) l'idée d'un « Dieu fini » dont la « victoire n'est pas fatale ». D'une parfaite érudition, son Étude sur le « Parménide » de Platon, achevée en 1923, montre de quelle manière les successives hypothèses du dialogue « dissocient » l'« idée d'unité » pour la faire « apparaître dans sa diversité ». Éclairant par ses sources éléatiques, héraclitéennes, mais aussi sophistiques, ce « nœud gordien proposé aux philosophes », elle souligne comment Platon, par une vraie « dialectique empirique » plus souple que la déduction cartésienne ou spinoziste, transmue en catharsis un jeu d'antilogies, qui, au-delà du « mélange » même des formes, révèle concrètement leurs « générations » et leurs « luttes ».

Bientôt, chez Hegel lui-même, en deçà du « système », dans les écrits de jeunesse et dans le poème Éleusis, d'inspiration hölderlinienne, Wahl discerne à ses origines et dans ses premiers efforts de synthèse l'« expérience vivante » du négatif comme « déchirure[...]

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  • IMMANENCE ET TRANSCENDANCE

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    ...découverte de la transcendance sous la forme du mystère ontologique. Dans l'existentialisme actuel, on aperçoit quelque chose de semblable chez Jean Wahl qui, s'opposant aux « mauvaises transcendances » et exaltant la relation kierkegaardienne de la subjectivité à l'absolu, tente de définir une...