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WALTER JEAN (1883-1957)

Fils d'un entrepreneur alsacien qui avait opté pour la France après la guerre de 1870, Jean Walter naquit à Montbéliard. Diplômé de l'École spéciale d'architecture en 1902, il ouvrit un cabinet dans sa ville natale : là, il se distingue très vite par ses tarifs, bien en deçà de ceux que pratiquent ses confrères, également étonnés par ses propos sur l'industrialisation nécessaire du bâtiment et la rationalisation de la conduite des chantiers. Déjà, le logement social intéresse le jeune architecte. En 1908, il édifiera deux cités ouvrières pour les Japy, habiles manufacturiers qui dominent le pays de Montbéliard depuis un siècle.

Il n'est donc pas étonnant que l'abbé J. Viollet, fondateur de la société L'Habitation familiale, ait appelé Jean Walter pour une réalisation pilote dans le domaine du logement populaire à Paris : quarante pavillons autour d'un jardin, rue Daviel, dans le XIIIe arrondissement. Pour la première fois, une famille ouvrière pouvait disposer d'une maison — en location — comprenant jusqu'à trois chambres d'une superficie moyenne de 20 mètres carrés. Construits en parpaings imperméables, matériau économique, ces « cottages » — encore habités aujourd'hui — marquent une étape dans la constitution du « mythe pavillonnaire » qui commence à hanter nombre de Français. Au même moment, en 1913, Walter a été choisi comme architecte par un groupement de coopérateurs ayant fait l'acquisition du château de Draveil et de son parc pour y réaliser « Paris-Jardins », une cité dans l'esprit de la garden-city anglaise dont l'idéal trouve alors des partisans jusqu'en Russie. Walter donnera le plan du lotissement, un parc aux voies sinueuses, et construira vingt-cinq maisons sans aucune originalité architecturale : il a adopté une fois pour toutes le « style normand ».

Plusieurs fois blessé pendant la guerre de 1914 qu'il terminera comme attaché au cabinet militaire de Georges Clemenceau, Jean Walter, après les hostilités, se découvre une autre vocation : en 1925, il décèle au Maroc, près de la petite ville d'Oujda, un gisement exceptionnel de plomb et de zinc. C'est le point de départ de la Société des mines de Zellidja qui lui apportera la fortune et le propulsera dans le monde des affaires.

Walter ne renoncera cependant jamais à l'architecture. En 1931, il est l'auteur de quelques immeubles de luxe d'apparence massive dans le quartier de la Muette (Paris, XVIe arrondissement), et surtout il commence à se spécialiser dans les bâtiments hospitaliers. Collaborateur d'Urbain Cassan, il est chargé de concevoir le nouveau Beaujon, à Clichy, un bloc vertical en béton de douze étages. Bâti en quatre ans, cet édifice unitaire tranche avec l'éparpillement des pavillons qui était de règle depuis le début du xxe siècle. Sur l'emplacement de l'ancien hôpital de la Charité, Walter implantera, en 1936, le complexe de la nouvelle faculté de médecine de Paris (VIe arrondissement), qui ne sera achevé qu'en 1950 et dont Louis Madeline fut le maître d'œuvre.

Résistant sous l'Occupation, Jean Walter sera arrêté et détenu plusieurs mois à Fresnes. Après la mort de sa femme, il s'était remarié, en 1938, à la veuve de Paul Guillaume, le marchand et critique d'art qui avait rassemblé l'une des plus belles collections de peinture du xxe siècle. Le couple Walter la complétera : donné à l'État, cet ensemble de cent quarante-quatre œuvres majeures a été installé au musée de l'Orangerie. En 1939, Walter avait fondé, avec l'approbation de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale, les bourses Zellidja qui permettent encore à des lycéens de mener à bien des projets de voyages sur des programmes originaux.

S'il ne fut pas un génie de l'architecture[...]

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