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WYART JEAN (1902-1992)

C'est à Avion, dans le pays minier lensois, que naquit Jean Wyart ; il décéda à Paris en 1992. Son père était mécanicien à la Compagnie des chemins de fer du Nord. La scolarité du jeune Jean fut d'abord celle des enfants de son milieu ; mais, en 1914, elle fut bouleversée par la guerre. La famille dut fuir devant l'avancée allemande. Après des moments difficiles, elle retrouva le calme à Abbeville.

En 1916 se produisit un événement qui détermina la carrière de Jean Wyart. Son père apprit que la Compagnie du Nord offrait quelques bourses d'études au collège à des fils de cheminots. Jean Wyart se présenta et fut reçu. Dès lors, il rattrapa le temps perdu et suivit un parcours de bon élève : après la baccalauréat, il prépara les grandes écoles. En 1923, il fut reçu à Normale et à Polytechnique. Il choisit la première, décevant ainsi ses bienfaiteurs qui espéraient s'assurer les services d'un brillant polytechnicien.

Comme il l'avait déjà montré, Jean Wyart sut bien gérer sa carrière. Après l'agrégation, il occupa un poste d'assistant de la chaire de minéralogie. C'était une discipline plutôt proche des sciences naturelles et ignorée des physiciens ou des chimistes. Charles Mauguin sut convaincre le jeune Wyart que la cristallographie venait de se transformer et que des voies nouvelles étaient ouvertes, très riches et encore peu encombrées. En fait, juste après sa thèse, Jean Wyart fut élu maître de conférences à la Sorbonne, à trente et un ans. C'était un fait exceptionnel, car il était alors normal de faire un séjour préalable dans une faculté de province, souvent très mal équipée.

L'œuvre scientifique de Jean Wyart fut caractérisée par son souci de maintenir l'union entre la minéralogie et la cristallographie. Depuis lors, on constate une division : la minéralogie est davantage liée aux sciences de la Terre, tandis que l'étude de la structure atomique des cristaux constitue une technique importante en physique, en chimie ou en biologie.

Mauguin et Wyart ont introduit en France la diffraction des rayons X, qui était dans les années trente une spécialité anglaise, autour des Bragg. Ils ont construit les appareillages (sources de rayons X, chambres de diffraction). Jean Wyart a créé des dispositifs permettant l'étude de cristaux à haute température et en atmosphère contrôlée. Après Mauguin, il publia les premières structures cristallines déterminées en France.

Une famille de minéraux, les zéolites, avait attiré l'attention sur ses propriétés remarquables, mais bien des questions restaient encore sans réponse. Jean Wyart a montré sur cet exemple le rôle que joue la diffraction des rayons X pour expliquer le comportement de la matière cristallisée. Il fallait abandonner la simple recherche de la formule de « molécules » ou la classification des silicates à partir des « acides siliciques ». Ce qui est apparu essentiel, c'est la disposition mutuelle des atomes révélée par les rayons X. Ainsi, dans les zéolites, l'édifice formé par les oxygènes et les ions métalliques comporte des canaux contenant des molécules d'eau en nombre variable. Il n'y a pas mélange d'une forme anhydre et d'une forme hydratée.

Les premiers résultats de Jean Wyart amenèrent de nombreux laboratoires à lui demander de déterminer des structures, ce qui explique la variété des sujets qu'il a abordés. Il a été l'un des premiers à utiliser les « diagrammes de poudre » aux fins d'analyse par identification des phases cristallines dans l'échantillon.

Une part importante de son œuvre a été l'étude de la genèse des minéraux naturels. Il a réussi à produire de nombreux cristaux, par exemple des alumino-silicates à partir d'alumine, de silice et d'oxydes variés, en soumettant ces mélanges[...]

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