Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JEANMAIRE RENÉE dite ZIZI (1924-2020)

Le temps des revues

Sa première grande revue, où elle danse et chante au Théâtre de Paris en 1956, marque aussi les débuts discographiques de Zizi Jeanmaire, dans une production de Jacques Canetti. Ce dernier supervise les concerts et les revues qu’elle donne dès 1957 à l'Alhambra, grande salle de music-hall parisienne. Avec une tessiture vocale et un esprit proches de Mistinguett, Zizi Jeanmaire fait appel à de jeunes auteurs comme Guy Béart, Jean Ferrat, Michel Legrand, Serge Lama. Elle renouvelle ainsi l'esprit des années 1930 avec des textes d'auteurs contemporains. C'est à l'Alhambra, en décembre 1961, qu'elle crée son fameux Truc en plumes, chanson aux rythmes brésiliens de Bernard Dimey (pour les paroles) et Jean Constantin (pour la musique) qui est magnifiée par un habile ballet d'éventails roses géants (chorégraphie de Roland Petit) contrastant avec le sobre pull noir que lui a créé Yves Saint-Laurent. Après Carmen, qui la consacrait comme danseuse, Mon trucen plumes fait d’elle la mythique chanteuse à la gouaille chic.

Artiste pluridisciplinaire, Zizi Jeanmaire casse tous les codes du ballet et joue aussi au théâtre dans Patron (1959)de Marcel Aymé et Guy Béart, La Dame de chez Maxim's (1965) de Georges Feydeau (elle y interprète avec succès le rôle de la Môme crevette), Marcel et la belle excentrique de Jean-Pierre Grédy (1992). Seule La Dame de chez Maxim's fut mise en scène par Jacques Charon et non par Roland Petit. La popularité de Zizi Jeanmaire est encore amplifiée par de nombreux shows télévisés.

Les deux revues qu'elle produit avec Roland Petit au Casino de Paris, théâtre dont ils prennent la direction, vont marquer pour Zizi Jeanmaire une manière d’apogée. La Revue (1970-1972) et Zizi Je t'aime (1972-1974) font intervenir sur scène plus de quatre-vingts artistes, dans des décors de César, Erté, Vasarely, avec de somptueux costumes d'Yves Saint-Laurent et des chansons signées Jean-Jacques Debout et Roger Dumas, pour la première revue, puis Serge Gainsbourg pour la seconde revue. Avec vingt-deux chansons de Serge Gainsbourg à son répertoire, Zizi Jeanmaire deviendra, après Jane Birkin, la plus importante interprète de cet auteur-compositeur. Ses shows du Casino de Paris renouvellent l'art du cabaret à la française, mêlant revue, chant et danse.

Dans les années 1970, après sa longue série de spectacles au Casino de Paris, la danseuse relève le pari de remonter sur pointes pour un grand ballet classique et ce, malgré de lourdes blessures. Roland Petit crée alors pour elle La Symphonie fantastique (1975) pour son grand retour à l'Opéra de Paris, mais elle se blesse et doit laisser sa place à la danseuse étoile Ghislaine Thesmar. Zizi Jeanmaire prendra sa revanche dans une virtuose Chauve-Souris (1979) suivie d'une captation télévisée de Carmen avec Mikhaïl Baryshnikov (1980).

Son retour à Broadway pour Can-Can (1981) prend fin après cinq représentations en raison d’une mauvaise critique. Mais son public français lui reste fidèle, et ses tours de chant (Théâtre des Champs-Élysées en 1984, Bouffes du Nord et Opéra-Comique en 1988, trois concerts au Zénith en 1995 puis une tournée avec ce spectacle en France et Italie, pour finir par une reprise au Théâtre Marigny) s'achèvent par un ultime spectacle à l'Opéra-Bastille en 2000.

Zizi Jeanmaire décède à Tolochenaz (Suisse) le 17 juillet 2020.

— Ariane DOLLFUS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Zizi Jeanmaire - crédits : Baron/ Hulton Archive/ Getty Images

Zizi Jeanmaire

Autres références

  • PETIT ROLAND (1924-2011)

    • Écrit par
    • 1 214 mots

    Danseur et grande figure de la chorégraphie française, Roland Petit s'est essayé à tous les genres, y compris le show télévisuel et la revue de music-hall. Son nom reste associé à la ville de Marseille, où il fonde en 1972 une troupe qu'il dirige jusqu'en 1998.

    Roland Petit est...