GALZY JEANNE (1884-1977)
Lauréate du prix Femina en 1922 pour Les Allongés et membre du jury de ce prix depuis 1940, la romancière Jeanne Galzy, décédée à l'âge de quatre-vingt-treize ans à Montpellier, sa ville natale, fut bercée dès son plus jeune âge par le rythme poétique. Sa mère, qui écrivait elle-même des vers, lui disait, le soir, Le Lac de Lamartine pour l'endormir. Et c'est en écrivant à son tour des poèmes que la jeune enseignante, sévrienne et agrégée de lettres, s'essaya à l'art d'écrire. Venue à Paris, à l'âge de vingt-quatre ans, dans l'espoir de faire du journalisme et de la poésie, Jeanne Galzy abandonna rapidement les vers pour la prose, sur les conseils de Vallette du Mercure de France.
C'est ainsi qu'elle publia en 1917 son premier roman, La Femme chez les garçons, dans lequel elle transposait son expérience de professeur au lycée Lamartine, à Paris. Son deuxième roman, Les Allongés, était d'une tout autre inspiration : atteinte du mal de Pott, elle avait dû passer trois années à Berck, tirant de cette épreuve matière à réflexion.
Son œuvre, qui comprend une trentaine d'ouvrages – des romans pour la plupart – est nourrie par l'influence des classiques, en particulier par celle d'Édouard Estaunié qui lui donna « le goût de la peinture des vies secrètes et sans éclat qui toutes, cependant, contiennent leur part de tragédie ». Vivement intéressée par les expériences de vie communautaire et par « la vie secrète des choses », Jeanne Galzy tenta, au travers de ses écrits, d'apporter un « témoignage moral » sur tout ce qu'il lui fut donné de voir au cours de sa vie d'enseignante (L'Initiatrice aux mains vides, Jeunes Filles en serre chaude, Jeunessedéchirée, La Fille, La Femme étrangère). Elle fit aussi des recherches historiques et entreprit, à Montpellier où elle se retira une fois la notoriété conquise, plusieurs biographies, essentiellement de femmes, à deux exceptions près : Catherine de Médicis, Sainte Thérèse d'Avila, La Reine Margot, George Sand, André Chénier et Agrippa d'Aubigné. Dans toutes ses œuvres, le réalisme poétique et passionné est tempéré par le classicisme d'une narration lente et chronologique.
La longévité de Jeanne Galzy s'explique peut-être par sa vitalité créatrice et son amour de la vie. À l'âge où tant d'autres choisissent le silence, elle a entrepris un ensemble romanesque qui est sans doute le couronnement de son œuvre. Le premier tome de ce vaste tableau d'un temps, d'une société, d'une province disparus fut publié en 1969 chez Gallimard sous le titre La Surprise de vivre ; le deuxième volet, Les Sources vives, parut en 1971 ; le troisième, La Cavalière, en 1974. Le quatrième volume, Le Rossignol aveugle, sorti en 1976, se suspend sur un extraordinaire amour entre un patriarche et une femme.
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Écrit par
- Paul MORELLE : critique littéraire
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