MUSIDORA JEANNE ROQUES dite (1889-1957)
Actrice française de l'ère du cinéma muet, Musidora est surtout connue pour les rôles qu'elle interpréta dans la série criminelle Les Vampires (1915) et dans Judex (1916), tous deux signés Louis Feuillade. Elle fut aussi l'une des premières réalisatrices en France.
Fille d'un compositeur qui fut aussi un théoricien du socialisme et d'une critique littéraire féministe, née le 23 février 1889 à Paris, Jeanne Roques fait ses débuts sur les planches à l'âge de seize ans et prend pour nom de scène Musidora, tiré du roman Fortunio de Théophile Gautier. Elle se produit dans diverses comédies et pantomimes et surtout dans une adaptation de Claudine à Paris, œuvre alors attribuée à Henry Gauthier-Villars, dit Willy mais dont on apprendra plus tard qu'elle était l'œuvre, comme les autres Claudine, de celle qui était alors son épouse, Colette. Musidora rencontrera par la suite Colette, avec qui elle nouera une amitié durable, et toutes deux collaboreront à diverses reprises.
En 1913, Musidora apparaît pour la première fois sur les écrans, dans Les Misères de l'aiguille, un drame à caractère social produit par la société coopérative Cinéma du peuple. Un an plus tard, elle signe un contrat à long terme avec les studios Gaumont et, entre 1914 et 1916, joue dans plusieurs autres films, pour la plupart des comédies et des mélodrames.
Alors qu'elle travaille chez Gaumont, Musidora fait la connaissance de Louis Feuillade, l'un des premiers directeurs de la société, qui a réalisé la série très populaire des Fantômas (1913-1914). En 1915, ce cinéaste choisit Musidora pour incarner Irma Vep (anagramme du mot « vampire ») dans son chef-d'œuvre, Les Vampires. Vêtue de la tête aux pieds d'un justaucorps noir et portant un masque de bourreau, Musidora fait sensation dans ce rôle de femme fatale, partenaire du Grand Vampire qui dirige Les Vampires, une société secrète qui sème la terreur à Paris. Première femme fatale du cinéma français, à l'origine d'un personnage dont la peau très blanche et le maquillage charbonneux marquèrent les esprits, Musidora suscite l'enthousiasme de toute une génération, à commencer par les jeunes surréalistes Louis Aragon et André Breton, qui lui rendront hommage dans la pièce Le Trésor des Jésuites (1928). Après le succès des Vampires, Musidora campe une gouvernante maléfique dans la série criminelle très populaire réalisée par Feuillade, Judex (1916). C'est également durant cette période qu'elle fonde sa propre société de production et qu'elle dirige son premier film, Minne (1915), aujourd'hui perdu. Il s'agissait à l'origine d'une adaptation de L'Ingénue libertine, de Colette.
Au cours des années suivantes, Musidora réalise de nombreux films en France, en Italie et en Espagne, tels que La Vagabonda (1918, La Vagabonde) en collaboration avec Colette et à nouveau d'après une œuvre de celle-ci, Le Maillot noir (1917), La Flamme cachée (1918) de nouveau avec l'écrivain, Vicenta (1919), Sol y Sombra (1922, Soleil et Ombre), La Tierra de los toros (1924) et sa dernière œuvre, La Magique Image (1951).
Outre les liens d'amitié qui la lient à Colette, Aragon et Breton, Musidora entretient d'étroites relations avec de nombreux noms célèbres dans le paysage artistique et culturel français, notamment Pierre Louÿs et Germaine Dulac. Elle écrit et met en scène la pièce La Vie sentimentale de George Sand (1946) et connaît le succès en tant qu'auteur de paroles de chansons, de romans, de poèmes, de Mémoires et d'essais. Après la Seconde Guerre mondiale, elle travaille à la Cinémathèque française jusqu'à sa mort, le 11 décembre 1957, à Paris.
Musidora a reçu de nombreuses récompenses pour sa contribution au cinéma français et au féminisme. En 1974, le premier festival[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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