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KOONS JEFF (1955- )

L'artiste américain Jeff Koons est né en 1955 à York, en Pennsylvanie. Après avoir étudié l'art et le design au Maryland Institute College of Art de Baltimore et à la School of the Art Institute de Chicago, il s'installe à New York en 1976. Participant activement à la vie de la scène artistique et musicale, il travaille comme courtier en matières premières à Wall Street pour financer ses œuvres. En 1980, il se lie à la mouvance « Neo-Geo » (Peter Halley, Ashley Bickerton, Meyer Vaisman). En 1990, dans le cadre de la biennale de Venise, Koons réalise Made in Heaven, en collaboration avec la star italienne du porno Ilona Staller (la Cicciolina), qui deviendra son épouse. Son œuvre, qui utilise l'objet, la sculpture ou la photographie, est une tentative, qui se revendique comme postmoderne, pour abolir la distinction entre grand art et art populaire.

Symptomatique de l'art des années 1980, l'œuvre de Jeff Koons s'inscrit à la perfection dans la situation idéologique et esthétique issue du pop art américain. « Mon message, remarque l'artiste, a été accompagné par une évolution sociale disant que les enfants de la classe moyenne blanche ont utilisé l'art de la même façon que d'autres groupes ethniques utilisent le basket-ball en tant qu'expression de leur mobilité sociale. » Dès le départ, cette œuvre utilise les emblèmes et les fétiches de la vie quotidienne américaine (art ménager, sport, publicité, jouets...) afin de leur fournir une manière de plus-value artistique, les faisant passer, dans la perspective du ready-made, d'un statut de simple objet de consommation à celui d'objet d'art (voir la série The New, 1980, qui met en scène des aspirateurs flambant neufs, ou Equilibrium, 1985, qui utilise des ballons de basket flottant dans des aquariums).

À partir de 1986 (Luxury and Degradation), Koons opère sur – et avec – ces objets un certain nombre de translations et de transpositions (visuelles et matériologiques) qui éloignent ces œuvres de l'univers strictement duchampien. En transformant de simples objets de la vie courante (train électrique, seau à glace, lapin gonflable, service en cristal, bibelots kitsch...) en sculptures d'acier inoxydable poli, l'artiste abolit l'opposition traditionnelle de l'art et de l'artisanat qui régit, depuis la Renaissance, la pensée esthétique dominante. Cette démarche atteint son comble avec un Saint Jean-Baptiste en porcelaine tenant affectueusement dans ses bras une croix dorée, un cochon et un pingouin, ou dans ce Michael Jackson affublé d'un singe (Michael Jackson and Bubbles), ou encore dans Buster Keaton à cheval sur un âne (1988). Il ne faut en effet pas voir dans cette attitude une quelconque marque de cynisme. Jeff Koons considère que son utilisation de matériaux traditionnels comme la porcelaine ou le bois est une manière de « pénétrer la conscience populaire et de communiquer avec les gens ». Il tient à ce que le spectateur soit dans un rapport familier avec l'imagerie qu'il utilise. Ici, nulle moquerie, mais un désir de réconcilier l'art avec son public, voire de déculpabiliser ce dernier. La série Banality (1988) traite, selon Koons, « de la communication avec la classe bourgeoise ». « Je voulais, précise-t-il, leur enlever leur culpabilité et leur honte au sujet de la banalité qui les motive et à laquelle ils répondent.[...] Je voulais leur enlever leur culpabilité et leur honte, afin qu'ils puissent comprendre ce qui les motive et ce à quoi ils réagissent... »

De 1990 à 1992, Jeff Koons réalise une série de travaux (Made in Heaven) en collaboration avec la Cicciolina. Ces œuvres, qui utilisent les matériaux les plus variés (de la photographie au verre, de la sérigraphie sur toile au marbre, du bois polychrome au plastique), abolissent les frontières du[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, professeur d'esthétique à l'École nationale d'arts de Cergy-Pontoise

Classification

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