DAVIS JEFFERSON (1808-1889)
Né dans le Kentucky, mais installé très tôt dans le Mississippi, Jefferson Davis fréquente l'école militaire de Westpoint. Après une carrière dans l'armée au cours de laquelle il participe aux guerres indiennes contre Faucon noir, en même temps que Abraham Lincoln, il se consacre de 1835 à 1845 au défrichement et à la gestion d'une plantation que son frère l'a aidé à acquérir dans le Mississippi.
En 1845, il est élu sénateur du Mississippi, mais démissionne pour participer brillamment à la guerre contre le Mexique au cours de laquelle, blessé, il gagne la bataille de Buena Vista. Son expérience et sa compétence militaires lui valent d'être choisi comme président de la Commission des affaires militaires au Sénat, puis comme secrétaire d'État à la Guerre par le président Franklin Pierce en 1853. À ce poste, il joue un rôle très dynamique dans le renforcement et l'équipement de l'armée et du système de défense nationale. En même temps, il manifeste déjà l'ambition d'un Sud puissant en incitant à l'établissement d'une voie ferrée et en inspirant au président Pierce ses visées sur Cuba. Ses réflexions sur le Compromis de 1850 l'amènent à défendre une position de revendication des droits du Sud au sein de l'Union plutôt qu'une position extrémiste, jusqu'en 1859. C'est seulement en 1860, après la sécession du Missouri, qu'il quitte le Sénat et se rallie aux extrémistes nationalistes.
Alors même qu'il est choisi comme président des États confédérés d'Amérique, en février 1861, ce dont il n'a pas eu l'ambition, il cherche encore la négociation avec Lincoln et constitue un cabinet où les extrémistes ne seront pas représentés avant la prise de Fort Sumter par les Sudistes le 14 avril 1861, événement qui déclencha la guerre de Sécession.
En comparaison avec Lincoln, Jefferson Davis paraissait plus compétent et plus prestigieux, car, outre une grande prestance physique, il jouissait d'une réputation de courage, d'intégrité, de grande élévation de principes et de caractère, en dépit d'un manque de finesse et de cordialité. De plus, à partir de 1861, une mauvaise santé accentue son humeur instable et son intransigeance. Il choisit un cabinet plus pour des raisons d'efficacité que pour tenir compte des courants politiques des États confédérés, négligeant la classe des planteurs aristocrates au profit d'hommes politiques peu connus.
Ses relations avec les États et le Congrès confédéral s'aigrissent très rapidement car, à sa conception d'un pouvoir exécutif fort qui dirige les efforts de guerre, s'opposent les tendances autonomistes traditionnelles des États du Sud ; cette détérioration aboutit en particulier à une rupture avec le vice-président Alex Stephens et avec deux gouverneurs d'États, ainsi qu'à un affrontement direct avec plusieurs généraux qui lui paraissent outrepasser ses ordres.
Après la reddition du général Lee à Appomattox le 9 avril 1865, Jefferson Davis refuse de céder et entraîne une partie de son cabinet vers le sud en adjurant les généraux Johnston et Beauregard de continuer la guerre. Il est fait prisonnier le 10 mai 1865 en Géorgie et reste incarcéré à Fort Monroe deux ans sans être jugé.
La fin de sa vie est consacrée à des activités sans conséquences politiques. Il reste persuadé de son bon droit qu'il expose dans Grandeur et chute du gouvernement confédéral mais, avant de mourir, il saura indiquer à ses concitoyens que « le passé est mort [...]. Je vous conjure d'abandonner toute rancœur, tout ressentiment. »
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Écrit par
- Marie-France TOINET : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
Classification
Média