STOLTENBERG JENS (1959- )
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Secrétaire général d’une OTAN en pleine mutation
Évincé du pouvoir, Jens Stoltenberg assume pour un an, comme son père en son temps, la fonction d’envoyé spécial des Nations unies. Ce mandat multilatéral prestigieux confirme ses talents de diplomate et sa stature internationale. C’est donc assez naturellement qu’il est choisi, en mars 2014, pour succéder à l’ancien Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, comme secrétaire général de l’OTAN à compter de l’automne.
L’organisation atlantique connaît à cette époque une forme de reviviscence qui esquisse la fin d’une période où sa raison d’être a pu être questionnée du fait de la disparition de la menace soviétique. En effet, la double menace que représentent alors le groupe terroriste Daech et l’invasion de la Crimée par la Russie va remobiliser les États membres ; à ces enjeux pressants s’ajouteront ceux de la cyberdéfense et de l’impérialisme chinois. La démultiplication des missions de l’Alliance est toutefois mal perçue par certains États membres européens, dont la France, qui voient dans ces dynamiques une forme de dilution de ses énergies, tandis que les tentatives de bâtir une Europe de la défense restent malaisées.
Dans le même temps, l’unité de l’OTAN est mise à mal par le président américain, Donald Trump, élu en 2016. Ce dernier remet en cause l’article 5 du Traité de l’Atlantique nord portant sur la solidarité entre alliés et fait pression sur les Européens pour qu’ils augmentent rapidement leurs dépenses de défense. De plus, les États-Unis se retirent de Syrie, d’Irak, puis d’Afghanistan sans guère se coordonner avec leurs alliés. Le président français Emmanuel Macron déclare, dans un entretien à l’hebdomadaire The Economist publié à la fin de 2019, que l’OTAN se trouve alors en état de « mort cérébrale ».
Dans ce contexte, la réalisation politique principale de Jens Stoltenberg a consisté à maintenir la cohésion de l’Organisation. Il peut être crédité d’avoir soutenu les efforts substantiels de défense des États européens pour atteindre la cible des 2 % de PIB annuels arrêtée au sommet du pays de Galles de 2014, d’avoir mis en musique un renforcement impressionnant de la disponibilité opérationnelle des forces alliées et d’avoir accompagné un déploiement des troupes de l’Alliance à sa frontière orientale afin de rassurer les États pouvant être directement menacés par l’agressivité de Moscou.
Ce bilan peut être vu comme très appréciable dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine, commencée le 24 février 2022, et qui justifie l’adoption d’une nouvelle stratégie décennale au Sommet de Madrid de juin 2022. Par ailleurs, cet événement a renforcé l’attractivité de l’Alliance, ouvrant la voie à une adhésion de la Suède et de la Finlande, ainsi que l’esprit de solidarité de ses membres. Enfin, sous le mandat de Jens Stoltenberg, qui s’est achevé en 2024, l’OTAN a sensiblement élargi ses champs d’action potentiels, en confirmant notamment que la Chine représente pour elle un « défi à ses intérêts, à sa sécurité et à ses valeurs ».
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
Classification
Médias
Autres références
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NORVÈGE
- Écrit par Marc AUCHET , Régis BOYER , Georges CHABOT , Encyclopædia Universalis , Lucien MUSSET et Claude NORDMANN
- 24 666 mots
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...d'immenses ressources sont encore inexploitées. Les gisements les plus prometteurs se trouvant toutefois dans les eaux territoriales russes, le gouvernement de Jens Stoltenberg, au pouvoir depuis 2005, a déployé une intense activité diplomatique pour défendre les intérêts norvégiens dans ce secteur. Un accord...