JEREMIAH JOHNSON, film de Sydney Pollack
L'homme de la montagne
Mountain Man (1966), le titre du roman dont le film est tiré, convient bien mieux à l'histoire qui nous est racontée ici, celle d'un homme qui abandonne les signes inutiles de sa culture d'origine, à commencer par son nom. Griffe d'ours ne l'appelle d'ailleurs pas Jeremiah mais « Pèlerin ». « La montagne a ses lois, Pèlerin. Ce que t'as appris en bas ne te servira à rien ici. » La limitation du vocabulaire n'empêche cependant pas d'aborder les questions essentielles – il suffit d'employer des métaphores. Après le massacre, par exemple, Griffe d'ours entend partager l'amertume de Jeremiah en remarquant simplement que « l'hiver reste longtemps, à cette hauteur » – c'est-à-dire que le cœur de son ami n'est pas près de se réchauffer.
Face aux coutumes indiennes, le film professe un relativisme qui confine à l'« anthropologie symétrique » chère à Bruno Latour : les superstitions des Pieds-Noirs valent exactement autant que la religion des Blancs, et toutes les langues sont également dignes d'être apprises pour autant qu'elles servent à désigner des objets utiles à la survie. Mais, dans le même temps, il ne glisse pas jusqu'au relativisme intégral, et met en avant le « sens commun » qui nous permet de décider intuitivement de la valeur des choses en nous servant de notre « corps comme instrument de mesure » (pour citer Jean-Marc Leveratto, un autre sociologue). Ainsi un meurtre reste-t-il un acte ignoble même perpétré pour de bonnes raisons, et un mauvais plat reste-t-il un mauvais plat, même cuisiné par une squaw attentionnée...
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Écrit par
- Laurent JULLIER : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Autres références
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POLLACK SYDNEY (1934-2008)
- Écrit par Alain GAREL
- 786 mots
Sydney Irwin Pollack est né le 1er juillet 1934 à Lafayette, dans l'Indiana. Ses études terminées, il s'installe en 1952 à New York où il suit les cours d'art dramatique de Sanford Meisner à la Neighborhood Playhouse School of the Theatre. Après avoir servi deux ans sous les drapeaux, il reprend les...