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JÉRÉMIE (env. 650-env. 587 av. J.-C.)

Contre le roi et le peuple

Jérémie inaugure son activité prophétique sous Josias en 626. Il est encore jeune et subit l'influence du prophète Osée qui est aussi originaire du Nord. Comme ce dernier, il s'en prend à l'attitude morale et religieuse de ses contemporains à qui il reproche d'être infidèles à Yahvé en rendant un culte aux Baals, divinités locales, forces de la nature adorées jadis par les Cananéens (Jér. ii). Il appelle Juda à une repentance authentique et déjà pressent que son peuple endurci court au-devant de la catastrophe : une nation lointaine, venue du nord, menace en effet d'envahir le pays (Jér. iv). La position du prophète vis-à-vis de la réforme deutéronomiste reste obscure ; il est possible qu'après l'avoir approuvée il en ait dénoncé le caractère superficiel et illusoire.

Sous Yoyakim, la situation se détériore rapidement. Dans le discours du Temple, Jérémie condamne l'immoralité des Jérusalémites et annonce que Yahvé abandonnera sa cité si celle-ci persiste dans le mal. Il déchaîne contre lui la colère des autorités et sa vie est en danger (Jér. vii ; xxvi). Dès lors il connaît un véritable calvaire : les gens d'Anatot complotent contre lui (Jér. xi), la police du Temple l'arrête et le fait battre de verges (Jér. xix sq.). Il rompt avec le roi, et le peuple fuit ce prophète de malheur dont les appels ne rencontrent que moqueries et menaces. Dans ses confessions, Jérémie dit à son Dieu ses lassitudes et ses perplexités, la tâche est trop lourde pour lui ; pour toute réponse, il reçoit l'ordre de continuer à proclamer la fin de Jérusalem (Jér. xii ; xv ; xx).

Sa prédication prend un tour plus politique à la suite de la bataille de Karkémish. Il invite Juda et ses voisins à reconnaître au plus vite l'autorité de Nebucadnetsar, en qui il salue l'instrument du jugement divin (Jér. xxv). Il adresse à Yoyakim un ultime avertissement par l'intermédiaire de Baruch ; le roi furieux cherche à le faire disparaître (Jér. xxxvi).

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