COLLIER JEREMY (1650-1726)
Évêque anglais qui fit partie des Nonjurors, hostiles au serment d'allégeance à Guillaume d'Orange (1689), Jeremy Collier est surtout célèbre par ses attaques contre l'immoralité du théâtre. En 1685, il est lecteur à Gray's Inn, mais démissionne lors de la Révolution et il est envoyé à Newgate pour avoir osé écrire un pamphlet de soutien à Jacques II et une réponse à l'Enquête sur l'état présent des affaires (Enquiry into the Present State of Affairs) de l'évêque Burnht. Mais il est libéré quelques mois plus tard sans procès. En novembre 1692, suspecté de trahison pour avoir correspondu avec Jacques II, il est de nouveau emprisonné, mais il est relâché au bout de dix jours. En 1696, il a l'audace de donner l'absolution sur l'échafaud à John Friend et William Parkyns, condamnés pour tentative d'assassinat du roi Guillaume III. Obligé de prendre la fuite, il est décrété hors la loi. Une fois l'orage passé, il revient à Londres. Édition augmentée des Mélanges (Miscellanies, 1694-1695), son premier volume d'Essais paraît en 1697. Les volumes suivants paraissent en 1705 et en 1709. Dans ses célèbres Considérations sur l'impiété et l'immoralité de la scène anglaise (A Short View on the Immorality and Profaneness of the English Stage, 1698), Collier s'en prend à Wycherley, à Dryden, à Congreve, à Vanbrugh et à D'Urfey : il blâme l'indécence, le langage blasphématoire, les attaques contre le clergé, les atteintes à la moralité publique et une présentation sympathique du vice. L'ouvrage suscite une guerre de réponses et de contre-réponses qui va durer jusqu'à la mort de Jeremy.
Jeremy Collier est l'auteur d'un Grand Dictionnaire historique, géographique, généalogique et poétique (Great Historical, Geographical, Genealogical and Poetical Dictionnary) qui est une traduction augmentée du Grand Dictionnaire historique (1674) du Français Louis Moreri. La première édition est de 1701 (en 1705 et 1721 des volumes de supplément s'y ajouteront). En 1716, Jeremy Collier devient primat de l'Église des Nonjurors. Favorable à la version de 1549 du Book of Common Prayer, il regrettait certaines omissions des éditions ultérieures ; c'est pourquoi ses Raisons de restaurer certaines prières (Reasons for Restoring Some Prayers, 1717) recommandent la réintroduction de plusieurs des prières antérieures. Il s'ensuivit une controverse sur les « usages » qui fit éclater la communauté des non-jureurs et précipita son extinction. En 1718 fut publié un nouvel Office de la communion (Communion Office) qui intégrait les modifications demandées par Collier et dont il fut probablement le compilateur.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Roger MEUNIER : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études
Classification
Autres références
-
ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature
- Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ , Jacques DARRAS , Jean GATTÉGNO , Vanessa GUIGNERY , Christine JORDIS , Ann LECERCLE et Mario PRAZ
- 28 170 mots
- 30 médias
...Preserved (1682) de Thomas Otway (1652-1685). La licence du théâtre provoqua dans la classe moyenne une réaction dont un ecclésiastique anglican, Jeremy Collier (1650-1726), se fit le porte-voix : ses Considérations sur l'impiété et l'immoralité de la scène anglaise (Short View of...