IRONS JEREMY (1948- )
Jeremy Irons est né le 19 septembre 1948 à Cowes, dans l'île de Wight, au Royaume-Uni. Après avoir pensé se consacrer à la chirurgie vétérinaire, il s'oriente vers le théâtre. Il suit pendant deux ans les cours de l'Old Vic School, à Bristol, puis intègre la compagnie où il interprète des pièces du répertoire, à commencer par celles de Shakespeare, mais aussi des œuvres contemporaines. En 1971, il s'installe à Londres, où il fait divers métiers, comme assistant régisseur ou jardinier. C'est alors qu'il est engagé pour tenir le rôle de Jean le Baptiste au côté de David Essex dans Jesus Christ Superstar d'Andrew Lloyd Weber et Tim Rice. Sa performance lui permet de mener ensuite une importante activité dans les théâtres du West End. En 1975, il débute à la télévision, où il joue dans une demi-douzaine d'épisodes de série et dans une mini-série.
Ce n'est qu'en 1980 que Jeremy Irons tient son premier rôle au cinéma, celui de Fokine dans Nijinsky de Herbert Ross. Il s'impose l'année suivante dans le principal rôle masculin de The French Lieutenant'sWoman (La Femme du lieutenant français) de Karel Reisz et dans celui de la mini-série télévisée « Brideshead Revisited ». On lui fait alors quantité de propositions pour interpréter des personnages romantiques auxquels semblent le vouer sa haute silhouette élégante, sa distinction naturelle, son détachement apparent, sa magnifique diction. Cependant, il conforte son vedettariat naissant en interprétant des personnages à l'opposé de cette image auxquels son jeu minimaliste, son rythme lent, son attitude « somnolente », confèrent ambiguïté et étrangeté ; ainsi le Polonais intégré de Moonlightning (Travail au noir, 1982) de Jerzy Skolimovski, le dandy de Un Amour de Swann (1983) de Volker Schlöndorff, le jésuite de The Mission (Mission, 1985) de Roland Joffé et les frères jumeaux chirurgiens de Dead Ringers (Faux-semblants, 1988) de David Cronenberg. Cette dernière création lui vaut un New York Critics Award. Jeremy Irons n'en abandonne pas pour autant le théâtre où il se produit avec la prestigieuse Royal Shakespeare Company, au côté de sa femme, Sinéad Cusak, la fille de l'acteur Cyril Cusak, qu'il a épousée en 1978, et à Broadway, où il fait ses débuts, couronnés par un Tony Award, dans Real Thing (1984) de Tom Stoppard et dans MyFair Lady (1987), où il reprend le rôle du Professeur Higgins.
En 1990, Jeremy Irons obtient l'oscar pour son interprétation du Comte von Bülow soupçonné d'avoir assassiné son épouse dans Reversal of Fortune (Le Mystère von Bülow) de Barbet Schroeder, ce qui affirme son statut de vedette internationale et lui offre un large champ de possibilités. Il peut ainsi alterner des rôles lucratifs dans des grosses productions américaines et des rôles plus intéressants dans des films moins commerciaux, mais qui ont en commun de mettre en scène des personnages troubles, ambigus ; ainsi Kafka (1991) de Steven Soderbergh, M. Butterfly (1993) de David Cronenberg, The House of Spirits (La Maison des esprits, 1993) de Bille August, The Lion King (Le Roi lion, 1994), dessin animé Disney dans lequel il prête sa voix au traître, Die Hard : With a Vengeance (Une journée en enfer, 1995) de John McTiernan, où il est un savoureux méchant, Lolita (1997) de Adrian Lyne, Dungeons and Dragons (Donjons & Dragons, 2000) de Courtney Solomon, Kingdom of Heaven (2004) de Ridley Scott, Inland Empire (2006) de David Lynch et Eragon (2006) de Stefen Fangmeier. Il joue également dans des séries télévisées telles qu’Elizabeth I (2005) et Les Borgias (2011). Parallèlement, il continue de se produire sur scène : A Little Night Music au New York City Opera (2003) et Embers à Londres (2006).
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
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