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JÉRÔME BOSCH (expositions)

Les anniversaires sont toujours d’excellents prétextes pour des célébrations. Dans le cas du peintre néerlandais Jérôme Bosch, mort en 1516 à Bois-le-Duc ('s-Hertogenbosch en néerlandais), la création du Bosch Research and Conservation Project (BRCP) a permis à une équipe de chercheurs de travailler sept ans à renouveler profondément les analyses scientifiques et techniques, historiques, stylistiques, iconographiques des peintures et des dessins de cet artiste exceptionnel, à la charnière du Moyen Âge tardif et de la Renaissance dans l’Europe septentrionale. Les expositions et les publications de 2016 ont ainsi bénéficié d’une profonde révision de nos connaissances, mais aussi de prises de vue dans des conditions optimales. La technologie ne fait pas l’histoire de l’art, les instruments ne sont pas des oracles annonçant la date ou l’auteur d’une œuvre ; mais quand ils sont bien orientés, ils facilitent le travail de comparaison et la pratique du regard qui permettra d’émettre l’opinion la plus juste dans l’état actuel de la recherche.

La famille de Jérôme Van Aken était venue vers 1426 se fixer à Bois-le-Duc, et l’on comprend que Jérôme ait choisi de porter le nom de Bosch, en référence à la ville qui l’a vu naître et travailler, ville où il décédera. C’est tout naturellement que le musée Noordbrabants de Bois-le-Duc a été cofondateur du BRCP et qu’il a organisé la première des deux grandes expositions Bosch à l’occasion du cinquième centenaire de la mort du peintre.

La question de l’attribution

Si le travail conduit par le BRCP a apporté bien des éléments neufs sur l’histoire, la réalisation et la signification de ces peintures, il en a aussi renouvelé l’attribution ; dans un sens positif, pour LaTentation de saint Antoine (Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City), mais aussi dans un sens négatif, en classant parmi les créations de l’atelier ou de suiveurs trois œuvres du musée du Prado, La Tentation de saint Antoine, LExcision de la pierre de folie et Les Sept Péchés capitaux et les quatre dernières étapes humaines. On comprend que le Prado n’ait pas accepté de telles conclusions, et l’exposition de Madrid, qui a suivi celle de Bois-le-Duc, argumente en sens inverse pour justifier la pleine place de ces panneaux dans l’œuvre de Bosch.

Ces débats ne sont pas des détails, mais une polémique serait vaine. Surtout, quelles que soient les positions sur ces trois peintures, cela n’enlève rien à l’impressionnant corpus conservé – au moins une vingtaine d’œuvres –, à sa beauté, à l’impression de mystère qui s’en dégage, et à la force de la leçon religieuse et morale qu’il porte par-delà les siècles.

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Écrit par

  • : professeur émérite d’histoire de l’art à l’université de Lille

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<em>Le Chariot de foin</em>, J. Bosch - crédits : MPortfolio/ Electa/ AKG-Images

Le Chariot de foin, J. Bosch