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JÉRUSALEM

Israël : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Israël : carte administrative

Jérusalem, dont l'État d' Israël a fait sa capitale, constitue autant un carrefour des religions qu'un terrain d'affrontement. Parmi ses visages multiples, il en est plusieurs qui peuvent éclipser le rôle spirituel que la ville a tenu et tient dans l'histoire : elle apparaît, d'abord, comme un des lieux majeurs de la tension politique qui secoue le Proche-Orient ; par ailleurs, pour d'innombrables touristes, elle n'est guère qu'une cité ceinte de forêts, aux artères fleuries, aux quartiers pittoresques, au passé plein de souvenirs liés à l'Écriture et à des siècles de pèlerinages.

Le site de Jérusalem se distingue mal de son histoire, la géographie rejoignant la théodicée dans le Psaume CXXV (verset 2) : « Jérusalem a des montagnes pour ceinture ; ainsi l'Éternel entoure son peuple maintenant et pour toujours. » La cité s'élève au cœur des monts de Judée entre les hauteurs de Beth El au nord, et celles de Hébron au sud ; elle surplombe à l'ouest la vallée du Tyropéon, au sud celle du Hinnom, à l'est celle du Cédron, dominant la suite de collines désertiques qui s'abaissent vers la mer Morte et vers Jéricho. Depuis un siècle, une ville neuve bâtie hors des murailles à l'ouest, puis au nord, accroît considérablement la superficie jadis restreinte de ce que l'on appelle aujourd'hui hā-‘Ir hā-Atīq āh, la Vieille Ville, qui est interdite dans sa quasi-totalité à la circulation automobile. Dans le climat méditerranéen d'Israël marqué par les hivers doux et pluvieux et par des étés chauds et secs, l'altitude (827 m au mont Scopus, 835 m au mont Herzl) donne aux températures de Jérusalem des caractéristiques propres : en hiver, elles sont plus rigoureuses et s'accompagnent de chutes sporadiques de neige ; en été, elles sont modérées avec des brises fréquentes.

Jérusalem occupe, dans la Bible hébraïque et le Nouveau Testament, un rang privilégié entre toutes les cités. Ville sainte des juifs et des chrétiens, elle est aussi pour l'islam El-Qūds (la Sainte), le troisième lieu sacré après La Mecque et Médine. Les puissances qui régnèrent sur cette cité après l'avoir conquise – Romains, Byzantins, Perses, Fāṭimides-saldjūqides, Mongols, croisés d'Occident, Turcs ottomans – la marquèrent tour à tour de leur empreinte. L'immense travail archéologique qui a été entrepris dans la seconde moitié du xixe siècle, et qui s'est intensifié depuis la création de l'État d'Israël, a contribué à mettre au jour les strates de ces diverses empreintes, donnant des résultats spectaculaires pour les époques prébiblique, biblique et postbiblique, et promettant beaucoup pour la deuxième époque romaine dite d'Aelia Capitolina, pour l'époque byzantine et surtout pour celle – brève, il est vrai – de la conquête perse.

La Jérusalem biblique et postbiblique

Les fouilles établissent que la «  cité de David » fut fondée à l'époque cananéenne au début de l'Âge du bronze, qu'elle fut pourvue d'un rempart au Bronze moyen et d'édifices monumentaux avant la conquête de David. Il est question, dans la Genèse, de la ville de Salem : son roi, Melchisédech, « prêtre du Dieu suprême », bénit Abraham ; selon le Psaume LXXVI, Salem est identique à Jérusalem. Sur le mont Moriah, voisin de Salem, la Genèse situe le sacrifice d'Isaac (xxii, 2). Occupée par les Jébusites au xie siècle avant J.-C., Jérusalem est conquise par le roi David, qui en fait sa capitale et qui, pour cinquante sicles, achète le mont Moriah à Aravna, peut-être le dernier roi jébusite (II Samuel, xxiv, 18-25). Diverses constructions, surtout militaires, constituent la cité de David. En y transférant l'Arche d'alliance, David fait de Jérusalem le centre spirituel[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie politique, directeur de recherche CNRS, CERI-Sciences Po
  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

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Médias

Israël : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Israël : carte administrative

Le triomphe de Titus - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le triomphe de Titus

Église du Saint-Sépulcre, Jérusalem - crédits : Insight Guides

Église du Saint-Sépulcre, Jérusalem

Autres références

  • JÉRUSALEM, LE SACRÉ ET LE POLITIQUE (dir. F. Mardam-Bey et E. Sanbar)

    • Écrit par
    • 993 mots

    Jérusalem, le sacré et le politique (Sindbad-Actes sud, 2000) ne pouvait paraître à un moment plus opportun. En effet, la ville a été au cœur des négociations avortées de Camp David au cours de l'été 2000. En son nom, les manifestants palestiniens ont déclenché une nouvelle intifada à la fin...

  • APPEL D'URBAIN II À LA PREMIÈRE CROISADE

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    Lors d'un voyage en France, le pape Urbain II (1088-1099) réunit à Clermont un concile pour lutter contre la simonie, dans la continuité des réformes dites « grégoriennes ». C'est au cours de ce concile qu'Urbain II lance l'idée d'une expédition militaire en Terre sainte pour « libérer »...

  • ARAFAT YASSER (1929-2004)

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    ...al-Husseini est né le 4 août 1929 au Caire où son père, originaire de Jérusalem, s'est installé deux ans plus tôt pour faire le commerce des épices. À la mort de sa mère, il est envoyé chez son oncle maternel, à Jérusalem, où il assistera enfant à la révolte palestinienne de 1936. C'est sans doute en...
  • BAR KOKHBA (IIe s.)

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    ...terres et la reconstruction des villes et des bourgades. La soudaine explosion de 132 s'explique mal, alors que l'empereur Hadrien projette de rebâtir Jérusalem et séjourne dans la région de 128 à 132 : il frappe des monnaies à la devise Adventui Augusti Judaea et sa statue monumentale en bronze...
  • CITÉ, iconographie

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    Les représentations de villes (cité et ville deviennent synonymes, dès le xviie siècle, dans le langage des géographes) constituent la source la plus abondante et la plus variée (diversité des supports et des techniques) de l'histoire de l'urbanisme en Occident. On peut distinguer deux catégories...

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