JÉRUSALEM
Le Moyen Âge
Le règne de Constantin ouvre à Jérusalem une période chrétienne. Hélène, la mère de l'empereur, visite la ville en 326. Constantin y fait édifier la basilique du Saint-Sépulcre par des architectes de Constantinople, Zenobius et Eusthatius. La construction de la Jérusalem byzantine se poursuit trois siècles durant. Elle est dédicacée en 335. La ville prend un caractère chrétien : les juifs en sont exclus, sauf pour l'anniversaire de la destruction du Temple, où il leur est permis de pleurer sur ses ruines. Cette Jérusalem byzantine reçoit une cartographie sur la mosaïque de Médata. On a mis au jour des vestiges et une inscription grecque, dédiée à l'empereur Constantin, de l'une des plus grandes églises du monde byzantin, la Nea Basilica.
Après la tentative sans suite de Julien l'Apostat pour reconstruire le Temple (363), Jérusalem se dote d'églises et d'un nouveau mur. Le pèlerinage chrétien lui donne une certaine prospérité. En 438, l'impératrice Eudoxie rétablit les juifs dans la ville. Deux conciles s'y tiennent sous Justinien (536 et 553). À la suite de la prise de Jérusalem par les Perses et de son administration par le Juif Néhémie (614), l'empereur Héraclius, qui reprend la ville, en bannit les juifs (629). En 638, le calife Umar s'empare de Jérusalem et dégage le site du Temple. Muāwiya construit la première mosquée al-Aqsa (la Lointaine) en 660 environ et Abd al-Malik la Qubbat al-Sakhra, le dôme du Rocher, en 691. Désormais dans la tradition islamique, Jérusalem occupe un rang privilégié, le troisième après La Mecque et Médine. Les juifs s'installent dans le quartier du sud-ouest du Temple et construisent une synagogue sur le mont Sion. Sous les Ummayades puis sous les Abbāsides, Jérusalem décline jusqu'à son annexion à l'Égypte en 878.
En 1009, elle passe au pouvoir des Fāṭimides et le calife al-Ḥākim détruit le Saint-Sépulcre. Depuis la conquête musulmane, la ville s'était étendue ; le voyageur arabe Nāṣir-i Khusraw la décrit longuement, montrant l'importance numérique des non-musulmans (chrétiens et juifs), dont la situation se détériore sous al-Ḥākim. En 1071, le général saldjūqide Atsịz b. Uvak s'empare de Jérusalem. Les Fāṭimides la reconquièrent en 1098. L'année suivante (le 5 juillet 1099), elle tombe aux mains des croisés, qui massacrent les musulmans et les juifs. Jérusalem devient la capitale du royaume latin de Jérusalem (Regnum Hierusalem), qui s'étend jusqu'à la mer Rouge et à l'isthme de Suez. Repeuplée de chrétiens, devenue le siège des ordres militaires du Temple de Jérusalem et de l'hôpital de Saint-Jean, ainsi que le but d'un pèlerinage actif, surtout français, Jérusalem est alors une cité romane. Le Saint-Sépulcre est reconstruit en 1149. Une citadelle est édifiée, dite tour de David. Le 2 octobre 1187, S̄alāḥ al-dīn reprend la ville, le royaume chrétien subsistant autour de Saint-Jean-d'Acre et récupérant même une partie de Jérusalem entre 1229 et 1244 à la suite d'un partage de celle-ci. De 1244, date de l'assaut des Turcs kwarizmides, jusqu'à 1517 (conquête de Sālim Ier), Jérusalem redevient musulmane. Elle est administrée par un nāib nommé par Damas. Son déclin économique contraste avec un certain essor culturel ; les mamelouks dotent mosquées et collèges, tandis qu'ils persécutent les chrétiens et les juifs. La cité compte alors quelque 10 000 habitants.
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Écrit par
- Alain DIECKHOFF : docteur en sociologie politique, directeur de recherche CNRS, CERI-Sciences Po
- Gérard NAHON : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
Classification
Médias
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