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ANDRZEJEWSKI JERZY (1909-1983)

C'est à Varsovie, dans une famille bourgeoise, que naquit Jerzy Andrzejewski. Son premier recueil de récits Drogi nieuniknione (Chemins inéluctables) parut en 1936. Son premier roman, Ład serca (L'Harmonie du cœur), publié par fragments en 1937-1938 puis édité séparément en 1938, lui vaut le prix des Jeunes de l'Académie polonaise de littérature. On reconnaît dans ses œuvres d'avant guerre l'influence d'écrivains européens tels que Joseph Conrad, Thomas Mann, Georges Bernanos et, dans la littérature polonaise, de Stefan Zeromski et Zofia Nałkowska. L'analyse psychologique montre l'enchevêtrement de la responsabilité morale des individus et de leurs conditionnements sociaux.

Après ces débuts littéraires prometteurs survient la guerre, qu'Andrzejewski passe à Varsovie. Sa conduite courageuse fait de lui une autorité morale dans la société polonaise, ce qu'il restera toute sa vie malgré l'évolution de ses engagements politiques. Il publie en 1945 sous le titre Noc (La Nuit) les récits rédigés pendant l'Occupation et qu'il a réussi à sauver de l'Insurrection de Varsovie. Certains récits de cette période entrent également dans la composition du recueil Niby gaj (Comme un bosquet) publié à Varsovie en 1959. Les récits Przed Sadem (Devant le tribunal), Apel (L'Appel) et Wielki Tydzień (La Semaine sainte) confirmant la place de Jerzy Andrzejewski dans les lettres polonaises. On remarque que les problèmes de la foi ont fait place chez lui à un existentialisme inquiet de la solitude de l'homme dans le monde.

Jerzy Andrzejewski passe les premières années de l'après-guerre à Cracovie, où il devient président de l'Union des écrivains. C'est à cette époque troublée de l'instauration du régime communiste en Pologne qu'il écrit Popiół i diament (Cendres et diamant), roman qui le rendit célèbre non seulement en Pologne, mais également dans le monde entier grâce à de multiples traductions. Jerzy Andrzejewski, converti à la nouvelle idéologie communiste, a certes idéalisé dans Cendres et diamant l'image des dirigeants communistes prêts à sacrifier leur vie face aux combattants de l'ancienne Armée de l'intérieur, eux-mêmes décidés à mener jusqu'au bout leur combat désespéré. Interrogé sur Cendres et diamant, à une époque où il avait renié depuis longtemps son appartenance au parti, Jerzy Andrzejewski ne se défendit pas de l'accusation d'avoir falsifié l'histoire : cette falsification même, avoua-t-il avec courage, était sa vérité de l'époque. Mais il faut également ajouter que, si la critique officielle a présenté Cendres et diamant comme une louange sans mélange du nouveau régime, le roman n'en reflète pas moins les divers points de vue qui s'affrontaient à l'époque. Les personnages sont très nombreux, pétris de contradictions ; à aucun moment, la sympathie de l'auteur ne s'attache aux uns pour réduire les autres à des caricatures.

Quand il s'installe à Szczecin en 1948, où il réside jusqu'en 1952, Jerzy Andrzejewski est une gloire littéraire officielle. Ses œuvres de l'époque (par exemple Partia i twórczość pisarza, 1952[Le Parti et la création de l'écrivain]) témoignent de ce qu'il est momentanément devenu un serviteur du parti au pouvoir. En 1952, il se réinstalle définitivement à Varsovie. Entre 1952 et 1956, il est député à la Diète polonaise. Mais par la suite, il renonce à son mandat de délégué au congrès du parti et publie un récit, Złoty lis (Le Renard doré), qui est lu comme une défense de l'imagination créatrice face aux contraintes sociales. Les événements d'octobre 1956 confirment la rupture de l'écrivain avec le parti, qu'il quitte en 1957. À partir de cette époque, il usera de son autorité morale et de son talent[...]

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Écrit par

  • : docteur d'État ès lettres, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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  • POLOGNE

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    • 27 médias
    ...aveuglement subit l'adhésion au nouveau régime de plusieurs écrivains célèbres avant guerre, tels Julian Przyboś, Adam Wạzyk, Jarosław Iwaszkiewicz ou Jerzy Andrzejewski (1909-1983), dont le roman Cendre et diamant (Popiól i diament, 1947) est le classique de la Pologne populaire. Faute d'accorder leur...