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KAWALEROWICZ JERZY (1922-2007)

L' un des plus grands cinéastes polonais, Jerzy Kawalerowicz est né le 19 janvier 1922, en Galicie (aujourd'hui en Ukraine) d'un père arménien et d'une mère d'origine française. Il a appartenu à « l'école polonaise » qui compte Andrzej Wajda, Andrzej Munk, Kazimierz Kutz ou Wojciech J. Has. Il a connu la notoriété internationale pour son film Train de nuit, au festival de Venise en 1959, et obtenu le prix spécial du jury du festival de Cannes en 1961 pour Mère Jeanne des Anges, puis une nomination aux oscars pour Pharaon (1965).

Après des études interrompues par la guerre, Jerzy Kawalerowicz participe à la Résistance. À partir de 1945, il est étudiant en histoire de l'art à l'Académie des beaux-arts de Cracovie. Il suit également les cours de l'Institut du cinéma de Cracovie. En 1946, il devient assistant metteur en scène (notamment pour La Dernière Étape, réalisé en 1947 par Wanda Jakubowska). S'il commence sa carrière en période de réalisme socialiste, son œuvre se caractérise par une extrême hétérogénéité de sujets et de styles.

Il débute comme réalisateur en 1951 (Le Moulin du village) et tourne jusqu'à son dernier film, en 2001, dix-sept longs-métrages. En 1955, il devient le directeur de KADR (qui s'illustre en 1957 avec Kanal d'A. Wajda), une société de production dont il a assuré continûment (à l'exception des années 1968-1972) la responsabilité artistique et dont l'activité cinématographique perdure. Il est l'initiateur, le co-fondateur et le premier président de l'Association des cinéastes polonais de 1966 à 1978. Il a enseigné dans la célèbre École de cinéma de Lodz depuis 1980. Enfin, il a toujours été le scénariste de ses films, généralement adaptés de la littérature polonaise (mais Pourquoi ? vient de Léon Tolstoï), souvent avec l'aide du romancier et cinéaste Tadeusz Konwicki.

Son œuvre, qui ne s'offre pas à la critique sous l'aspect du cinéma ouvertement politique de Wajda, a été diversement accueillie en France. Elle noue des rapports inventifs avec les contradictions du destin des hommes dans l'histoire, privilégie le dédoublement des situations, les interrogations individuelles sans réponse, voire l'obscurantisme (de la foule comme du mystique) ou l'ombre (titre d'un film de 1956 où la représentation politique tient à l'ambiguïté des événements rapportés).

Kawalerowicz s'écarte des clichés ou des conventions, inventant un cinéma d'auteur dès Cellulose et Sous l'étoile phrygienne (1954). Ainsi La Vraie Fin de la guerre (1957) est, sur le thème du rescapé des camps nazis, une réalisation brillante cultivant une dissonance visuelle et sonore, à l'image des fêlures intimes des personnages. Train de nuit est-il une enquête policière, un drame romantique sur un couple de rencontre, une œuvre moderne faite de bifurcations et d'inachèvement ? De Pharaon, il est aisé de dire qu'il délaisse les manières de la superproduction grâce à un dépouillement à la beauté sophistiquée. Mais la question demeure de son rapport au roman de Boleslaw Prus, dès lors qu'est privilégiée la figuration du pouvoir parallèle des prêtres et des parties d'échecs de la politique, sous les apparences d'un espace lisse (l'éblouissant désert) ou ramifié (un labyrinthe secret)

On mesure ainsi la difficulté d'un cinéma dont l'esthétique ne satisfait aucun style identifiable. On reconnaît quelques veines narratives : Pharaon et Quo vadis ? (2001) pour leur vision de l'antiquité ; Mère Jeanne des Anges, Maddalena (1970) ou L'Auberge du vieux Tag (1982) pour leur évocation de la question religieuse ; La Mort d'un Président (1977) et L'Otage de l'Europe (1989) se veulent des pages de l'histoire tandis que La Vraie[...]

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