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JEU D'ADAM (anonyme) Fiche de lecture

Pouvoir de la parole

La trame de l'action suit donc de très près le texte de la Genèse. Mais l'invention de l'auteur médiéval est d'en avoir fait un drame fondé sur le pouvoir de la parole. Rédigés en octosyllabes et, pour les passages les plus importants, en quatrains de décasyllabes monorimes, les dialogues font alterner les ordres du Tout-Puissant et les réponses empressées d'Adam et d'Ève, les pieux sermons d'Abel et les déclarations cyniques de Caïn. Ils nous font entendre le discours efficace du Diable qui séduit assez facilement une « mal-mariée » médiévale trop heureuse de prendre le pas sur son mari, puis l'échange tendu entre les deux époux, où fait merveille la parole enjôleuse de la femme. La tirade succède au dialogue dans les longues plaintes qu'adressent à Dieu Adam, puis Ève, exclus du Paradis. Saisis dans leur immanence, tous les actes de langage font ainsi revivre devant l'auditoire le moment où tout a basculé, où l'homme était encore libre de choisir le Bien. Le Diable sans doute, maître de la parole, omniprésent sur une aire de jeu où les démons multiplient à l'intention du spectateur pitreries et malices, semble bien être le grand vainqueur des deux premières séquences. Mais dès la fin de la première partie, chassée du paradis terrestre, Ève prononce des paroles d'espoir. Dans la troisième séquence, les prophètes confortent l'espérance du spectateur en annonçant le mystère de l'Incarnation et le triomphe de la Vierge.

— Emmanuèle BAUMGARTNER

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Écrit par

  • : professeure de littérature française à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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