ÉCHECS JEU D'
Origines et histoire du jeu
Si l'on écarte diverses légendes (le Grec Palamède à la guerre de Troie, le brahmane Sissa, auquel se rattache la fable des grains de blé), la date de naissance du jeu d'échecs dépend de la définition plus ou moins large que l'on en donne. On trouve dès le IIIe millénaire des jeux consistant à déplacer des pions sur un quadrillage. Mais le jeu actuel, décrit dans les lignes précédentes, est sorti d'un jeu apparu en Inde vers 570 après Jésus-Christ (la thèse selon laquelle le jeu est d'abord apparu en Chine avant de passer en Inde compte quelques défenseurs). Appelé tchaturanga (« jeu des quatre rois »), il se disputait sur 8 × 8 = 64 cases, entre quatre adversaires, chacun jouant pour son propre compte et possédant un navire, un cheval, un éléphant, un roi et quatre pions. Chaque joueur jouait à tour de rôle, un jet de dé indiquant la pièce qu'il devait obligatoirement déplacer, le choix de la case incombant à sa réflexion.
En peu d'années, les dés (et, par conséquent, le recours au hasard) furent supprimés, les joueurs s'associèrent deux à deux, puis mirent leurs pièces côte à côte, et enfin la direction de chacun des deux camps fut confiée à un seul joueur.
Ainsi constitué, le jeu d'échecs va être diffusé dans trois directions : vers la Chine, puis la Corée et enfin le Japon, où il donnera naissance à des jeux légèrement différents ; beaucoup plus tard (xiiie siècle ?) vers la Russie (soit par l'intermédiaire des Mongols ou des Tartares, soit à travers l'Empire byzantin), d'où il repartira vers la Scandinavie, l'Allemagne et l'Écosse ; et enfin en Iran, où il sera apporté par des marchands et prendra le nom de shatrang : il sera adopté par les Arabes, qui, après avoir conquis l'Iran, diffuseront les échecs sur le littoral nord de l'Afrique et l'introduiront en Espagne. Le jeu se répand alors dans toute la chrétienté, et aux manuscrits arabes vont succéder des manuscrits européens. En même temps, la marche de certaines pièces se modifie et, à quelques détails près, toutes les règles vraiment significatives du jeu (y compris l'avance facultative des P, la prise en passant, la promotion et le roque) étaient acquises à la fin du xve siècle.
D'Espagne, le sceptre des échecs va passer en Italie (xvie et xviie siècle), puis en France (xviiie siècle), en Grande-Bretagne, en Allemagne (xixe et début du xxe siècle). Depuis la Seconde Guerre mondiale, il est, chez les hommes, la propriété quasi permanente de l'Union soviétique puis de la Russie, dont la suprématie, en soixante ans, n'aura été vraiment battue en brèche que par le seul Américain Bobby Fischer (1972-1975) [tabl. 6].
Avant la Seconde Guerre mondiale, la meilleure joueuse du monde, Vera Menchik-Stevenson, était britannique. Depuis la création en 1949 d'un championnat du monde féminin jusqu'à la disparition de l'U.R.S.S, les championnes couronnées – L. Rudenko, E. Bykova, O. Rubtsova, N. Gaprindaschvili, M. Tchibourdanitzé – et leurs rivales – K. Zvorikina, N. Alexandria, N. Iosséliani et E. Akhmilovskaïa – auront toutes été soviétiques. Les années suivantes verront s'imposer des joueuses d'autres origines comme les Chinoises Xie Jun, Zhu Chen, Xuhua, la Hongroise devenue Américaine Susan Polgar, la Bulgare Antonoeta Stefanova.
Une liste d'hommes célèbres intéressés, et parfois passionnés, par le jeu d'échecs compterait des centaines de noms. Ne retenant que ceux dont on possède de très bonnes parties, on peut citer : J.-J. Rousseau, A. de Musset, Tolstoï, Meyrinck, Lewis Carroll, Lénine, Piatigorsky, D. Oïstrakh, S. Prokofiev, M. Duchamp, V. Nabokov, Jean-Paul II.
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Écrit par
- François LE LIONNAIS : Conseiller scientifique.
- Jean-Michel PÉCHINÉ
: journaliste au magazine
Europe Échecs - Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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