JEUX OLYMPIQUES, Grèce antique
Le programme olympique
À l'instar de celui des Jeux modernes, le programme des Jeux antiques n'est pas fixe, et il varie au cours des siècles : lors de la première édition connue avec certitude par une inscription (776 avant J.-C.), il se résume à la course du stade, ou dromos (600 pieds, soit 192,27 mètres). Le diaulos (double stade) intègre le programme en 724 avant J.-C., le dolichos (course de fond de 24 stades, soit 4 614,50 mètres) en 720 avant J.-C., la lutte et le pentathle en 708 avant J.-C., le pugilat en 688 avant J.-C., les courses de quadriges en 680 avant J.-C., le pancrace en 648 avant J.-C.
En 632 avant J.-C., des concours réservés à des participants qu'on qualifierait aujourd'hui de « juniors » (jeunes de douze à dix-huit ans) prennent place aux jeux Olympiques. À partir de cette date, le déroulement des compétitions et le programme sportif sont connus. À leur premier apogée, qu'on situe au vi-ve siècle avant J.-C., les jeux Olympiques comptent dix épreuves : dromos, diaulos, dolichos, hoplitodrome (course en armes qui intègre le programme en 520 avant J.-C.), lutte, pugilat, pancrace, pentathle, course à cheval monté, course de quadriges ; en fait, on devrait en compter treize, car, à l'occasion du pentathle, les concurrents (outre la course du stade et la lutte) disputent les épreuves du lancement du disque, du jet du javelot et du saut en longueur.
Un peu comme de nos jours, les compétitions ne constituent pas le seul volet des Jeux : l'organisation obéit à un rituel très précis. Tous les quatre ans, dix mois avant la nouvelle olympiade, la ville d'Élis, à qui revient le soin d'organiser les Jeux, désigne dix magistrats, les hellanodices (hellanodikai). Choisis parmi les grandes familles et pour leur prétendue impartialité, les hellanodices ont pour mission de régler l'ordonnance des fêtes et des concours : ils disposent des pleins pouvoirs afin d'assurer la régularité des compétitions et la police dans l'enceinte sacrée. Leur première mission est de recevoir les engagements. Tous les concurrents retenus sont alors soumis à un entraînement obligatoire. Selon leurs aptitudes, ils sont ensuite répartis entre les différentes épreuves, acheminés à Olympie, où ils achèvent leur préparation au gymnase et à la palestre, surveillés durant trente jours par les hellanodices. Fouler l'arène olympique demeure un privilège longtemps réservé aux seuls Grecs : tout ce qui n'est pas grec est « barbare », et les barbares n'ont pas accès à la piste et ne peuvent même pas prendre place dans les rangs des spectateurs ; les femmes sont proscrites de l'enceinte sacrée, et la peine de mort leur est réservée en cas d'infraction.
Le onzième jour du mois d'hécatombéon (juillet-août), les jeux Olympiques s'ouvrent par une cérémonie religieuse. La journée débute par un sacrifice à Zeus. Puis tous ceux qui vont tenir un rôle durant la fête olympique – les hellanodices en robe pourpre – franchissent la porte principale de l'Altis et se dirigent en procession vers le temple de Zeus. Tous (hellanodices, athlètes, auriges, professeurs, entraîneurs...) prêtent serment devant Zeus Horkios : ils jurent que leurs intentions sont pures, qu'ils ont observé les règles et qu'ils lutteront loyalement (ce serment n'est pas sans évoquer le serment olympique moderne) ; quiconque contrevient au serment s'expose à de lourdes amendes, voire au fouet. Dans la soirée, un sacrifice est offert à Pélops.
Le lendemain, la journée débute par une autre cérémonie, qui n'est pas sans points communs avec les cérémonies d'ouverture des Jeux modernes. Précédé par la musique, le cortège officiel sort de l'Altis et se dirige vers le stade. Les hellanodices marchent en tête et gagnent la tribune de marbre qui leur est réservée ;[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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