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JEUX OLYMPIQUES L'U.R.S.S. et les Jeux

Un long isolationnisme sportif

Née en décembre 1922 des suites de la révolution d'octobre 1917, l'U.R.S.S. n'a longtemps cure des compétitions sportives internationales. Le dogme sportif soviétique s'appuie sur la culture physique : placée sous l'autorité du ministère de la Santé, cette culture physique est censée rendre la santé à une population rongée par les « tares » accumulées au temps des tsars. Le sport doit avant tout permettre l'épanouissement de l'« homme nouveau soviétique », enthousiaste, discipliné et productif... Le sport socialiste ne doit véhiculer aucune valeur individuelle ; il doit servir au renforcement de l'esprit collectif.

L'U.R.S.S. promeut une institution déconnectée du C.I.O. : l'Internationale rouge sportive, liée au Komintern, a pour but de réunir toutes les organisations sportives ouvrières d'Europe, et l'un de ses objectifs est de former des combattants révolutionnaires pour les luttes. L'U.R.S.S. boude non seulement les jeux Olympiques, mais aussi l'olympiade ouvrière organisée par la Confédération sportive internationale du travail, une institution proche des socialistes et des sociaux-démocrates, à Francfort en 1925. En 1928, l'Internationale rouge sportive crée les Spartakiades internationales : ces compétitions, lors desquelles les athlètes sont très encadrés, sont l'occasion de cérémonials à la gloire de l'U.R.S.S. ou célébrant la lutte des classes ; quelque quatre mille cinq cents « sportifs prolétaires » participent à cette première édition des Spartakiades internationales, organisée à Moscou en juillet 1928.

L'approche soviétique s'infléchit cependant dans les années 1930. Afin de prouver la validité de la « théorie du socialisme dans un seul pays » –  le dogme communiste du moment –, il convient aussi pour l'U.R.S.S. de s'ouvrir au monde. De ce fait, il lui faudra participer aux grands rendez-vous sportifs internationaux, afin de diffuser sur les stades les idées communistes auprès de la jeunesse de tous les pays. Le sport de compétition trouve dès lors droit de cité, les dirigeants soviétiques approchent plusieurs instances sportives internationales. L'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne précipite le mouvement. Pour combattre l'idéologie nazie, il faut agir vite et porter le feu sur tous les terrains – y compris celui du sport –, convaincre la jeunesse de résister, prouver le bien-fondé du communisme et démontrer la puissance de l'U.R.S.S. Moscou s'efforce de faire naître des « fronts populaires sportifs » en Europe ; l'Internationale rouge sportive est dissoute au printemps de 1937 ; l'U.R.S.S. envoie une délégation à l'olympiade ouvrière d'Anvers à l'été de 1937. Bien sûr, tout ce mouvement s'arrête avec la Seconde Guerre mondiale.

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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