JEUX OLYMPIQUES La R.D.A. et les Jeux
Une difficile accession aux Jeux
Après la Seconde Guerre mondiale, le président du C.I.O. J. Sigfrid Edström souhaite ardemment réunir l'ensemble du mouvement olympique, et il fait de cet objectif la priorité de son mandat. Ce rassemblement passe bien sûr par le retour aux Jeux des puissances vaincues de la Seconde Guerre mondiale, le dossier de l'Allemagne s'avérant le plus complexe. La partition de l'Allemagne, en 1949, a donné naissance à deux États : la république fédérale d'Allemagne (R.F.A.) et la République démocratique allemande (R.D.A.). Les deux pays devront attendre septembre 1973 pour intégrer l'Organisation des nations unies, mais la R.F.A. se voit rapidement associée aux affaires du monde, alors que la R.D.A. demeure considérée comme « zone soviétique » de l'Allemagne.
Après les Jeux de Londres (1948), deux Allemands retrouvent leur siège au C.I.O. : Karl Ritter von Halt, président du comité d'organisation des Jeux d'hiver de Garmisch-Partenkirchen en 1936 et proche collaborateur du Reichssportführer Hans von Tschammer und Osten, et le duc Adolphe-Frédéric de Mecklembourg ; les accointances des deux hommes avec les nazis ne semblent pas poser problème au mouvement olympique... L'un et l'autre considèrent qu'ils ne représentent que la R.F.A. Le Comité olympique ouest-allemand se voit reconnu dès 1949 par le C.I.O. ; la R.F.A. est conviée aux festivités olympiques dès 1952. La R.D.A. se dote également d'un comité olympique, mais celui-ci n'est reconnu par le C.I.O. qu'en juin 1955, à titre provisoire, puis de manière définitive après les Jeux de Melbourne (1956).
Les deux comités olympiques allemands doivent donc cohabiter, et ils sont contraints de présenter une équipe commune aux jeux Olympiques de 1956 à 1964, laquelle défile derrière le même drapeau – l'oriflamme traditionnelle aux bandes horizontales noire, jaune et rouge, agrémentée des anneaux olympiques –, alors que, en l'honneur des vainqueurs, on joue l'Hymne à la joie de Beethoven et non pas les hymnes nationaux ouest-allemand et est-allemand. La situation change le 8 octobre 1965 : lors de sa session de Madrid, le C.I.O. accepte, malgré les réticences occidentales, que les deux Allemagnes présentent chacune leur propre équipe en 1968 à Grenoble et à Mexico. Dès lors, le maillot bleu nuit aux lisérés blancs siglé « DDR » va devenir un vêtement olympique à la mode. À partir de la fin de 1969, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt met en œuvre l'Ostpolitik, les deux pays se reconnaissent mutuellement en décembre 1972. Ils intègrent l'O.N.U. le 18 septembre 1973. Le monde pouvait-il continuer d'ignorer la R.D.A., un pays dont les sportifs commençaient de squatter les podiums olympiques ?
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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