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JEUX OLYMPIQUES La renaissance des Jeux

Évoquer la renaissance des jeux Olympiques, c'est aussitôt convoquer Pierre de Coubertin. Faire revivre les Jeux de l'Antiquité grecque fut en effet le grand combat de Pierre Fredi, baron de Coubertin. Humaniste et pédagogue, Coubertin souhaitait intégrer le sport dans une réforme pédagogique profonde, instaurer la pratique sportive au sein des établissements scolaires français ; par ailleurs, il désirait internationaliser le sport en multipliant les confrontations fraternelles, dans un utopique objectif de paix perpétuelle inspiré de la trêve olympique de la Grèce antique. Le baron estimait que faire revivre les jeux Olympiques constituait le moyen le plus efficace pour diffuser ses idées. Néanmoins, Coubertin ne fut ni le premier ni le seul à envisager la renaissance des jeux Olympiques. Celle-ci s'inscrit comme une sorte d'aboutissement du philhellénisme en vogue dans l'Europe du xixe siècle, comme une suite logique de la mise au jour du site d' Olympie.

Les fouilles d'Olympie

L' existence des jeux Olympiques de l'Antiquité est attestée par plusieurs écrits, notamment les Olympiques de Pindare (ve siècle avant J.-C.) : celles-ci font partie des Épinicies, un ensemble d'odes destinées à célébrer les vainqueurs des compétitions sportives de la Grèce antique. Quatre livres des Épinicies ont été conservés : ils se composent de quatorze Olympiques, douze Pythiques, onze Néméennes et neuf Isthmiques. Le site d'Olympie est quant à lui essentiellement connu grâce à la Périégèse de la Grècede Pausanias (iie siècle après J.-C.), écrivain-voyageur qui le décrit dans l'un des deux livres de sa Périégèse consacrés à la région d'Élide.

Néanmoins, ce n'est qu'à partir du xviiie siècle que les trésors d'Olympie commencent à s'insinuer dans les imaginations européennes. Bernard de Montfaucon, moine bénédictin et savant, est le premier à les évoquer, en 1723, dans un courrier adressé à Angelo Maria Quirini, qui vient d'être nommé archevêque de Corfou. Bernard de Montfaucon attire certes l'attention de ce passionné d'Antiquité sur les trésors archéologiques que celui-ci aura à découvrir dans son diocèse ; surtout, il ajoute : « Qu'est-ce que tout cela en comparaison de ce que l'on peut trouver sur la côte de Morée opposée à ces îles ? C'est l'ancienne Élide, où se célébraient les jeux Olympiques, où l'on dressait une infinité de monuments pour les vainqueurs, statues, bas-reliefs, inscriptions. » Puis Johann Joachim Winckelmann plaide en vain, jusqu'à sa mort en 1768, pour la fouille du site d'Olympie : « Je suis assuré qu'il y a à faire en Élide une récolte qui dépassera toutes les espérances et qu'une exploration approfondie de cette région éclairera d'une vive lumière », écrit-il.

Les premières fouilles ont lieu à l'occasion de l'expédition de Morée (1828-1833). Historiens et archéologues accompagnent les militaires français et, en 1829, Abel Blouet dirige durant six semaines les travaux sur le site d'Olympie : le lieu est quadrillé par les chercheurs, qui réussissent à déterminer l'emplacement du temple de Zeus et à Paris une métope de ce temple. Néanmoins, un demi-siècle passe avant qu'archéologues et historiens ne se captivent de nouveau pour Olympie : l'Allemand Ernst Curtius convainc le prince impérial Frédéric de l'intérêt de fouiller le site ; Frédéric persuade son père, l'empereur Guillaume Ier, de financer une expédition. En 1874, le Parlement grec autorise l'Allemagne à engager les dépenses de fouilles. Une équipe conséquente se rend sur place et mène la première campagne scientifique de fouilles à partir de 1875 : trois cents ouvriers travaillent sur le chantier et, six ans plus tard, la plupart[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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