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JEUX OLYMPIQUES La renaissance des Jeux

Un long chemin d'Olympie à la Sorbonne

La première édition des jeux Olympiques renaissants eut bien lieu en 1896, mais l'idée de rassemblements sportifs est plus ancienne, de même que celle de concept de « jeux Olympiques modernes » et l'emploi de l'adjectif « olympique ». En effet, les découvertes d'Abel Blouet en 1829 ont provoqué chez les intellectuels un intérêt inédit pour la civilisation de la Grèce antique. Les premiers « jeux Olympiques » se tiennent en fait près de Grenoble. Le petit séminaire du Rondeau, situé au bord du Drac, dans la vallée du Grésivaudan, forme de futurs ecclésiastiques avec une approche originale : les études théologiques sont associées à l'éducation physique. Les élèves proposent au directeur, Ernest Crochat, qui retient l'idée, d'organiser les « jeux Olympiques du Rondeau ». Le 2 février 1832 est établie la Charte des jeux Olympiques du Rondeau, qui détaille le règlement. Le document indique notamment qu'il « est institué dans le petit séminaire de Grenoble une fête qui sera appelée „promenade olympique“, en mémoire des Jeux qui se célébraient tous les quatre ans à Olympie, que ladite fête sera célébrée toutes les années bissextiles, le deuxième jour du mois de février, à condition que celui-ci ne tombe pas un samedi ou un dimanche ». Au programme de la première « promenade olympique » figurent le lancer du disque, les concours littéraires, la course à pied, le jeu de boules, les courses en sac... Les « jeux Olympiques du Rondeau » perdurent jusqu'en 1905 (en 1906, ils sont transférés à Montfleury, dans l'ancien couvent des dominicaines de Corenc ; la dernière édition aura lieu en 1954). Ils s'enrichissent rapidement de symboles et de cérémonies qui évoquent les jeux Olympiques de Coubertin : oriflammes pour chaque classe ; défilé des participants ; emblème. Parmi les lauréats figure Henri Didon, vainqueur en 1849 de la cinquième édition des « jeux Olympiques du Rondeau », qui inventera la devise Citius, Altius, Fortius.

En 1834 puis en 1836 se déroulent à Ramlosa (Suède) les « jeux Olympiques scandinaves », nés d'une idée du professeur Gustav Johann Schartau : lutte, saut en hauteur, saut à la perche, grimper du mât, lutte à la corde, course de vitesse sont au programme de ces éphémères compétitions. En 1835, le poète Panayotis Soutsos propose l'idée de « jeux Olympiques » pour célébrer le cinquième anniversaire de l'indépendance grecque, mais son gouvernement ne donne pas suite. En Angleterre, William Penny Brookes constitue en 1840 un « comité olympique » ; en 1849, il organise à Much Wenlock le premier « festival olympique » : course à pied, natation, équitation et cricket sont notamment au programme ; mais on note aussi des joutes chevaleresques, des déclamations poétiques dédiées aux dames et la plantation d'un chêne pour sanctifier l'événement.

Néanmoins, la première réelle restauration olympique est due à Evangelios Zappas, un riche commerçant d'Épire qui s'illustra au combat durant la guerre d'indépendance grecque. Il appelle de ses vœux la « renaissance grecque » et met sa fortune au service de celle-ci. En 1858, Zappas demande au roi Othon Ier l'autorisation d'organiser des « concours olympiques » destinés à promouvoir le progrès national. Zappas finançant lui-même ces « concours », le roi ne met pas son veto, bien au contraire : le 19 août 1858, un décret royal décrit l'ordonnancement des concours et précise que les vainqueurs recevront 100 drachmes ; en outre, les lauréats auraient la préférence pour les postes rémunérés de professeurs de gymnastique. Comme dans l'Antiquité, les « concours olympiques » sont réservés aux citoyens grecs : ils deviennent donc les jeux Panhelléniques. La première édition se déroule à l'automne[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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