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JEUX OLYMPIQUES La renaissance des Jeux

Le congrès fondateur de 1894

Néanmoins, Coubertin ne renonce pas et souhaite voir germer la graine qu'il a semée ; il continue de militer pour l'internationalisme sportif, lequel doit selon lui permettre la renaissance des jeux Olympiques. Symboliquement, des personnalités étrangères sont faites membres d'honneur de l'U.S.F.S.A. Son idée olympique ne rencontre en France que l'indifférence, mais Coubertin se saisit d'une opportunité : Adolphe de Pallissaux, champion de course à pied et trésorier du Racing-Club, propose de convoquer à Paris un congrès « pour l'étude et la propagation des principes d'amateurisme » et d'inviter à s'y faire représenter les nations de l'Ancien et du Nouveau Monde. Coubertin, nommé commissaire de ce congrès pour l'Europe continentale, se rend à l'étranger pour convaincre ses pairs de l'utilité du congrès et... diffuser son message olympique. Il se rend aux États-Unis à la fin de 1893, visite une douzaine de villes où il ne reçoit qu'un accueil poli, car le sujet essentiel pour le mouvement sportif américain est pour l'heure le conflit entre les clubs universitaires et la Fédération d'athlétisme. Néanmoins, William Milligan Sloane, professeur à l'université Princeton, lui prête une oreille attentive et accepte la charge de commissaire du congrès pour le continent américain. Puis Coubertin est en Angleterre, où il ne convainc personne ; mais Charles Herbert, secrétaire de l'Amateur Athletic Association, consent à être le commissaire représentant l'Angleterre et ses colonies au congrès. Pour ce qui est de la renaissance des Jeux, seules la Suède, la Nouvelle-Zélande et la Jamaïque lui apportent leur soutien. Opiniâtre, Coubertin ne se décourage pas pour autant et il se prépare à proposer de nouveau le rétablissement des jeux Olympiques, cette fois en contournant l'obstacle et non pas en heurtant de front les sceptiques...

Pierre de Coubertin reprend sa plume et convoque, au nom de l'U.S.F.S.A., le congrès international du renouveau athlétique, qui doit se tenir du 16 au 23 juin 1894, toujours à la Sorbonne à Paris. Le thème central de ce congrès est fédérateur pour les personnalités influentes du mouvement sportif international, notamment les Britanniques : il porte une nouvelle fois sur la question de l' amateurisme. La circulaire rédigée par Coubertin compte à l'origine huit articles, tous relatifs à la définition du statut de l'amateur. Parmi les questions inscrites à l'ordre du jour, certaines rythmeront pendant près d'un siècle la vie du mouvement olympique. Ainsi, l'article 1er concerne la « définition de l'amateur, notamment l'utilité d'une définition internationale » ; l'article 2 a trait aux sanctions : « suspension, disqualification, requalification ; faits qui les motivent et moyens de les vérifier » ; l'article 3 pose des questions essentielles : « est-il juste de maintenir une distinction entre les différents sports au point de vue amateurisme ? peut-on être professionnel dans un sport et amateur dans un autre ? » ; l'article 6 fait de même : « la définition générale de l'amateur peut-elle s'appliquer également à tous les sports ? comporte-t-elle des restrictions spéciales en ce qui concerne la vélocipédie, l'aviron, les sports athlétiques, etc. ? » ; l'article 7 évoque un problème qui demeure d'une étonnante actualité au xxie siècle – il traite du pari sportif : « est-il compatible avec l'amateurisme ? quels moyens pour en arrêter le développement » ; l'article 8, volontairement relégué en fin de liste par Coubertin qui avance masqué, est le seul qui évoque les jeux Olympiques : « possibilité du rétablissement des jeux Olympiques ? dans quelles conditions pourraient-ils être[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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