JEUX OLYMPIQUES Les symboles olympiques
Le drapeau olympique
Le drapeau olympique, imaginé en 1913 par Pierre de Coubertin et fabriqué par les magasins du Bon Marché, est présenté pour la première fois à la Sorbonne à Paris en 1914, lors du congrès célébrant les vingt ans de la renaissance des Jeux. Ce modèle originel est long de 206 centimètres, large de 60 centimètres. Laissons donc le baron décrire cette oriflamme (Textes choisis, 1931) : « Le drapeau olympique, on le sait, est tout blanc avec, au centre, cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge ; l'anneau bleu en haut et à gauche à côté de la hampe. Ainsi dessiné, il est symbolique ; il représente les cinq parties du monde unies par l'olympisme et ses six couleurs reproduisent celles de tous les drapeaux nationaux qui flottent à travers l'univers de nos jours. » La lyrique description coubertinienne se trouve néanmoins à l'origine d'une interprétation erronée. Pour certains, chacun des cinq anneaux représenterait un continent précis, auquel est associé une couleur, ce qui est totalement faux. En revanche, au moins une des six couleurs (avec le blanc) se trouvait à l'époque sur tous les drapeaux des pays du monde : chaque État pouvait reconnaître sur le drapeau olympique au moins une de ses couleurs nationales, ce qui reste globalement vrai. Par ailleurs, l'entrelacement des anneaux est censé symboliser la rencontre fraternelle entre tous les sportifs du monde, unis par l'idéal olympique.
Néanmoins, la naissance du drapeau demeure parfois un sujet de controverses car, en 1913, les nationalismes s'exacerbaient et les tensions montaient en Europe. L'idée généralement admise est que Coubertin voulait encourager le monde à plus d'unité, et c'est très certainement le cas. Mais on peut également penser que la valorisation des patries, une idée chère à Coubertin, sous-tendait la composition du drapeau, même si cette hypothèse est peu crédible. Enfin, sur le premier modèle figurait la devise olympique, Citius, Altius, Fortius, qui disparaîtra. Le drapeau, qui devait être hissé aux Jeux prévus à Berlin en 1916, fut transporté à l'Hôtel de Ville de Lausanne en 1915, quand le C.I.O. y installa son siège, et fut donc hissé au mât pour la première fois aux Jeux d'Anvers en 1920.
Depuis 1960, lors de chaque édition des Jeux, un immense drapeau olympique est apporté dans le stade ; depuis 1972, ce sont des sportifs – et non plus des officiels – qui l'apportent dans le stade lors de la cérémonie d'ouverture. De multiples champions renommés ont connu cet honneur. Lors de la clôture des Jeux, le maire de la ville organisatrice transmet solennellement le drapeau au maire de la ville d'accueil de l'édition suivante. Enfin, le drapeau olympique remplaça à plusieurs reprises tel ou tel drapeau national en raison de la situation politique du moment : de 1956 à 1964, les sportifs ouest-allemands et est-allemands, concourant au sein de l'équipe unifiée d'Allemagne, défilèrent derrière le drapeau aux cinq anneaux ; en 1992, les athlètes de l'ex-U.R.S.S., rassemblés au sein de l'équipe unifiée de la Communauté des États indépendants (C.E.I.), firent de même, tout comme, en 2000, les représentants de Timor-Oriental, pays qui n'avait pas encore obtenu sa pleine indépendance. En outre, en 1980 à Moscou, les nations occidentales, dont la France, qui ne boycottaient pas les Jeux exigèrent et obtinrent que le drapeau olympique, et non le drapeau national, soit hissé aux mâts pour célébrer leurs médaillés.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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