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JIAN'AN [KIEN-NGAN] LES SEPT POÈTES DE LA PÉRIODE (196-220)

Pour l'avenir de la poésie

Au crédit de ces auteurs, il faut mettre encore deux réalisations d'une grande portée. Tout d'abord l'élargissement du domaine de la poésie shi. Grâce à eux, l'art poétique englobe désormais sans honte la poésie chantée, autrefois cultivée par les musiciens de la cour et leurs imitateurs anonymes. Non content de cette annexion, il mord aussi sur le genre littéraire le plus noble, le plus raffiné, celui du récitatif ( fu), auquel il emprunte des sujets nouveaux. Ainsi le champ de la poésie s'agrandit-il dans deux directions opposées. La poésie chantée, d'une part, inspire des pièces lyriques ou narratives, dont les thèmes favoris sont le banquet et la vie de cour, la guerre et le voyage, la séparation et la solitude, l'impermanence et la mort. Du fud'autre part, que les poètes de Jian'an continuent de pratiquer assidûment sous une forme plus brève et plus familière que leurs prédécesseurs, dérive au contraire une poésie descriptive, qui s'emploie en de courtes pièces à évoquer des objets choisis, souvent des animaux ou des plantes.

Cette expansion du champ de la poésie est favorisée par la vogue d'un nouveau moyen d'expression, le vers pentasyllabique, dont le lent essor au cours de la dynastie des Han débouche alors sur une consécration triomphale ; il devient, grâce aux Cao et à leurs protégés, le mètre poétique par excellence. Sous sa forme ancienne (guti shi), il est promis pour plusieurs siècles à un règne sans partage.

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