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JIAN'AN [KIEN-NGAN] LES SEPT POÈTES DE LA PÉRIODE (196-220)

Les individualités

Il n'est aucun des sept poètes dont le génie puisse se mesurer avec celui des trois Cao. Plusieurs d'entre eux se distinguèrent davantage, semble-t-il, comme prosateurs que comme versificateurs. Luxun admirait la verve caustique de Kong Rong. Ruan Yu et Chen Lin servirent de secrétaires à Cao Cao, avec un tel succès que le maître ne pouvait rien reprendre aux lettres de Ruan Yu, fussent-elles rédigées hâtivement à dos de cheval, et que la simple lecture d'un ouvrage de Chen Lin le guérissait de ses indispositions. Le nom de Chen Lin s'attache aussi à une ballade fameuse, qui chante les souffrances des bâtisseurs de la Grande Muraille. Mais les deux meilleurs poètes du groupe furent Liu Zhen et Wang Can, dont la critique oppose volontiers les tempéraments, comme s'ils équivalaient aux deux faces du génie équilibré de Cao Zhi. Chez Liu Zhen brillait l'étincelle d'un génie direct et vigoureux, dont le chef-d'œuvre est une série de quatre pièces offertes à Cao Pi, sur les thèmes communs du banquet, de la séparation, de l'amitié et de la mort. Chez Wang Can, au contraire, érudit et savant autour de fu, l'art, dit-on, prévalait sur la nature. Nul cependant n'a su peindre avec plus d'émotion et de force l'horreur des désordres où s'abîma la dynastie des Han (Les Sept Tristesses).

— Jean-Pierre DIÉNY

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