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JIANG QING[KIANG TS'ING]LI WEIFEN dite (1913-1991)

Assez peu connue en Occident avant la révolution culturelle prolétarienne, Jiang Qing, la quatrième épouse du président Mao Zedong, eut bien antérieurement une influence insoupçonnée dans le domaine culturel en Chine populaire.

Originaire d'une famille pauvre du Shandong et orpheline de bonne heure, Li Weifen occupe un emploi de secrétaire dans une bibliothèque de Jinan. Elle s'inscrit à l'Institut expérimental d'art dramatique du Shandong et fait son apparition sur la scène à Shanghai, où, de façon significative, elle interprète le rôle d'une femme émancipée, Nora, dans La Maison de poupée d'Ibsen. Passant de la scène à l'écran, elle joue des seconds rôles sous le nom de Lan Ping (Pomme bleue), tout en menant la vie tapageuse d'une actrice ; en 1934, elle épouse le critique dramatique Tang Na, mais divorce en 1937.

En 1939, elle quitte la section cinématographique de propagande nationaliste pour rejoindre la base communiste de Yan'an ; là, elle écrit des pièces de propagande pour les soldats et les paysans. Elle y rencontre Mao Zedong et l'épouse la même année. C'est vraisemblablement à cette époque que, abandonnant son nom antérieur de Li Weifen, elle adopte celui de Jiang Qing et adhère au Parti communiste chinois (P.C.C.).

Après l'établissement de la république populaire (1949), elle commence à promouvoir des réformes visant à débarrasser la scène et l'écran des thèmes « bourgeois et réactionnaires », critiquant même le fameux acteur Mei Lanfang, mais elle se heurte à une forte hostilité et semble reléguée dans l'ombre, de 1954 à 1961.

À partir de cette date, Jiang Qing s'efforce de donner un caractère prolétarien aux différentes formes de spectacle, déclarant, en 1964, « inconcevable que les positions dominantes sur la scène dans notre pays socialiste, dirigé par le Parti communiste chinois, ne soient pas occupées par les ouvriers, les paysans et les soldats, véritables créateurs de l'histoire et véritables maîtres de notre pays. Il nous faut créer une littérature et un art qui protégeront nos assises économiques socialistes ».

Parallèlement à cette action dans le domaine culturel, Jiang Qing porte ses critiques, dans le domaine de la politique, contre l'écrivain Wu Han, adjoint de Peng Zhen et auteur d'un drame historique qui contient des allusions manifestes à l'éviction du maréchal Peng Dehuai, La Destitution de Hai Rui. Collaborant avec Yao Wenyuan, Jiang Qing inaugure, en 1965, la critique et la dénonciation d'une faction « révisionniste et contre-révolutionnaire » qui débouche sur la révolution culturelle prolétarienne.

Nommée conseiller officiel du travail culturel auprès de l'Armée rouge, elle s'attache à la réforme des arts et de la littérature — domaines largement associés à la propagande — et collabore étroitement avec Lin Biao. À la fin de 1966, Jiang Qing se fait le porte-parole de Mao Zedong auprès des nouvelles forces montantes de l'extrémisme, exhortant les Gardes rouges, prenant la parole dans les meetings et se faisant l'avocat d'un activisme révolutionnaire intense et d'une épuration qui soulèvent des remous au sein même de l'équipe dirigeante. Député en 1964, responsable du groupe directeur de la révolution culturelle en 1966 et membre du comité central du parti, elle dirige en 1967 la section responsable de l'art et de la littérature. À la fin de 1968, la phase de remise en ordre de la révolution culturelle prolétarienne marque le début d'un certain effacement de Jiang Qing : ses apparitions en public se raréfient, et ses interventions se modèrent.

Mentor des Gardes rouges, accusateur public de la faction de Liu Shaoqi puis, plus discrètement, de la tendance ultra-gauchiste de Qi Benyu, porte-étendard de Mao Zedong, Jiang Qing fut élue[...]

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